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BYE BYE TIBÉRIADE

Un film de Lina Soualem

Une émouvante quête familiale

L’actrice Hiam Abbass a dû quitter la Palestine et laisser sa famille derrière elle pour réaliser son rêve. Trente ans plus tard, sa fille revient avec elle sur sa terre natale et sur l’histoire de sa famille…

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Après avoir exploré ses racines algériennes du côté de son père (l’acteur Zinedine Soualem) en filmant ses grands-parents dans "Leur Algérie", Lina Soualem se tourne vers les origines palestiniennes de sa mère, l’actrice Hiam Abbass. Si la situation n’est pas la même, on retrouve certains thèmes centraux : l’identité, le déracinement, les non-dits, le poids des traditions…

Face au risque de remuer blessures et traumatismes, Lina Soualem filme en douceur et use parfois de subterfuges. Quand les images familiales n’existent pas, elle a recours à des archives qui peuvent correspondre à ce que ses aînés ont vécu depuis la création d’Israël. Quand elle sent que sa mère ne pourra ou ne voudra pas évoquer certaines choses frontalement, elle prend des chemins détournés en mettant à profit son métier d’actrice pour la mettre à distance de ce qui la ferait souffrir. Ainsi, on voit Hiam Abbass lire un texte écrit par sa fille ou rejouer des scènes de son enfance de façon ouvertement théâtrale avec ses sœurs. Et si de nombreuses thématiques sont dramatiques, Lina Soualem laisse une place importante aux sourires et à la légèreté, comme des bandages pour panser les plaies et pour accentuer les liens entre les personnes de sa famille.

Ces personnes, ce sont surtout et avant tout des femmes. Car ce documentaire parle aussi beaucoup de la condition féminine, pour le meilleur et pour le pire. Il est donc question d’émancipation, de sororité, de pression sociale, de liberté sexuelle... En remontant à son arrière-grand-mère, Lina Soualem dépeint le caractère souvent bien trempé des femmes de sa famille, qui ont dû se battre, chacune à sa façon, pour surmonter des obstacles variés : le veuvage, l’exil, les ambitions professionnelles contrariées…

Évidemment, "Bye bye Tibériade" se pare d’une importance supplémentaire en résonnant (et raisonnant) involontairement avec l’actualité. Il est ainsi question d’appropriation des terres, de destruction des habitations, de négation de l’identité palestinienne… Pourtant, malgré les tragédies et une certaine mélancolie, le film de Lina Soualem n’est jamais une complainte et ne bascule ni dans l’abattement ni dans la haine. Car une chose essentielle caractérise toutes les femmes de sa famille : la volonté de vivre, quoi qu’il arrive.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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