Festival Que du feu 2024 encart

BYE BYE GERMANY

Un film de Sam Garbarski

Une comédie ironique et réjouissante

En 1946, dans un camp de déplacés situé à Frankfort, David a une idée folle : vendre aux familles allemandes des linceuls pour leurs morts et du linge pour leurs maisons. Baratineur, il entraîne rapidement d’autres rescapés de la Shoah dans sa combine...

L'auteur du "Tango des Rashevski" et du formidable "Irina Palm" a fait les beaux jours du Festival de Berlin 2017 en présentant hors compétition (dans la section Berlinale Special), une comédie douce amère sur fond de lendemains de Seconde Guerre Mondiale peu reluisants. On y suit un groupe de juifs rescapés de la Shoah, maintenus dans un camp de déplacés à Frankfort, se trouvant un leader et fomentant une sorte de vengeance cynique en exploitant à fond la culpabilité des familles allemandes en leur vendant linge et linceuls.

Si l'humour est un peu ronflant et excessif dans les premières scènes, tout comme la musique est envahissante, à partir du moment où le personnage principal est interrogé, soupçonné d'avoir collaboré avec les nazis, la musique se fait plus discrète et un équilibre se crée autour d’un humour plus incisif. Laissant la place à l'expression des traumatismes de chacun, le scénario prend pour point de départ une idée tellement hallucinante (envoyer un juif apprendre à Hitler des blagues pour mieux rivaliser d'esprit avec Mussolini) que l'on adhère forcément à la suite de ce conte d’où l'espoir transpire grandement.

Moritz Bleibtreu ("Soul Kitchen", "La bande à Baader"), en pleine forme, s’en donne à cœur joie dans un rôle d’escroc baratineur, sourire Ultra-Brite bien en évidence. Flirtant parfois avec les limites de la décence, le film prend le parti, comme "La vie est belle" de Roberto Benigni, que l’on peut rire de tout, même des choses les plus atroces. Et le scénario de "Bye Bye Germany" joue jusqu’au bout l’ambiguïté, nous rappelant qu’il est parfois important d’ « embellir la vie avec des mensonges » ou difficile « de prier un Dieu qui fait autant d’erreurs ».

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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