BUNGALOW
Une maison devenue cauchemar
Sarah et Jonathan ont réalisé une partie de leur rêve : acheter une maison à retaper dans la banlieue de Montréal. Mais après l’intervention d’un pote de Jonathan, pas très doué ni en plomberie ni en travaux divers, l’addition va commencer à devenir salée…
Petite comédie noire parmi les deux films québécois présentés cette année au Festival du film francophone d’Angoulême, "Bungalow" s’attache à décrire la spirale de mauvais choix fait par un couple, au départ heureux de pénétrer dans cette maison délabrée qu’ils viennent d’acheter. Ils inaugurent d’ailleurs joyeusement les lieux avec une levrette improvisée, la femme étant appuyée sur un lavabo qui ne pourra que s’effondrer, comme s’il s’agissait là d’un présage de ce qui les attend. S’attachant aux détails d’un début de chantier chaotique, aidés par un pote du mari qui soi-disant « s’y connaît », c’est à la fois à des déboires artisanaux et à un étalage de mauvais goût que l’on va assister, entre les choix certes cohérents de couleurs de la femme et les costumes et objets médiévaux que collectionne le mari. Chaque nouvelle pièce retapée sera ainsi l’objet d’une surprise visuelle plutôt réjouissante, venant comme rythmer un métrage à la facture esthétique cependant très télévisuelle.
Chapitré par mois, le film nous permet de suivre la décomposition du couple autant que l’évolution malheureuse des lieux, le scénario soulignant la beaufitude des personnages comme leur navrante naïveté. Entre une artisane très « entreprenante », des potes à la limite du mafieux, l’influence des émissions de télé de décoration, des copines n’aidant pas vraiment, une chienne dénommée Sugar, les petits secrets des uns vont faire le grand malheur des deux, provoquant quelques rires sarcastiques. Fascinant par l’exploration du kitsch, un peu trop caricatural dans l’aspect nerveux à outrance de la femme, le film n’en recèle pas moins quelques moments touchants lorsque le bonheur de façade se craquelle.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur