BULL
Payback again, and again, and again…
Bull s’en revient au bercail après dix ans d’absence, bien décidé à régler ses comptes. Dans son collimateur, ses anciens partenaires criminels, et surtout leur boss, qui se trouve être son beau-père. Bull veut récupérer son fils, et peu importe le nombre d’hectolitres de sang versé…
Diffusion sur Canal + à partir du 2 mai 2022
Auréolé d’une réputation élogieuse suite à son passage par plein de festivals (dont le PIFFF qui lui décerna récemment son Grand Prix), et ce en dépit d’un tournage à petit budget pendant le premier confinement de la pandémie de Covid-19, "Bull" de Paul Andrew Williams n’a pas manqué de reproduire son effet aux récentes Hallucinations Collectives de Lyon. Mais le résultat mérite nuance et prudence quant à son contenu prompt à titiller la fibre du cinéphage mal élevé. Parce que s’il est admis depuis belle lurette que la vengeance est un plat qui se mange froid, il faut aussi admettre que la resucée est un burger qui se mange toujours réchauffé. Et que le 7ème Art est toujours celui qui en fait le plus souvent les frais.
Au vu d’un scénario programmatique qui montre un criminel s’en aller régler ses comptes (et récupérer son fils) dix ans après avoir été laissé pour mort par ses acolytes (dont le chef cruel n’est autre que son beau-père), les yeux avertis ne manqueront pas de se croire face à un sous-"Payback" bien saignant et relevé à la sauce à la menthe, et où l’on aurait remplacé le masochisme de Mel Gibson par la froideur d’un Neil Maskell décidément abonné à vie aux rôles de paternel brutal et impulsif depuis "Kill List" et "Hyena". Pas de grande surprise dans ce revenge-movie faussement linéaire qui joue surtout la mise en parallèle de la vengeance et de son origine pour mieux révéler au compte-goutte les tenants et aboutissants du récit. La violence s’y montre particulièrement sèche et hargneuse (on parie déjà que certaines âmes sensibles vont tourner de l’œil à quelques reprises !) tandis que la psychologie rase-bitume se fait très discrète, et Paul Andrew Williams fait montre d’une sacrée maîtrise visuelle pour garder la noirceur ambiante intacte jusqu’au bout. On laissera en revanche à chacun le soin de juger de l’utilité de sa pirouette finale, qui laisse soudain le fantastique faire irruption en tant que pièce manquante de ce processus vengeur.
Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur