Festival Que du feu 2024 encart

BROS

Un film de Nicholas Stoller

Banalement insipide

Un animateur de podcasts enchaîne les relations sans lendemain. Mais sa dernière rencontre semble différente. Il se pourrait que de celle-ci naisse un véritable amour. Enfin si les deux se laissent la chance d’y croire…

Bros film movie

Deux quadras se rencontrent. Les deux traînent des rancœurs, des tristesses, des déceptions et même des doutes quant à l’idée d’un amour solide. Le duo n’a pas plus vingt ans, l’insouciance est un lointain souvenir, et cette nouvelle relation pourra peut-être enfin leur donner envie d’essayer à nouveau, de se projeter au-delà d’une nuit sans lendemain, de dépasser ces messages envoyés à la chaîne et les conversations futiles pour se livrer véritablement à un autre. Cette histoire a l’apparence de celles déjà comptées des milliers de fois sur grand écran. Oui, mais un détail change tout : les deux protagonistes sont deux hommes. Si le cinéma américain avait déjà traité des romances homosexuelles (on pense notamment à "Love, Simon"), jamais un studio, Universal en l’occurrence, n’avait osé le faire à travers le genre sacro-saint de la romcom hollywoodienne.

Produit par Judd Apatow et réalisé par un de ses fidèles disciples, Nicholas Stoller ("Sans Sarah rien ne va !", "American Trip", "Nos pires voisins"), "Bros" a la niaiserie de ses modèles, les principaux défauts de ces productions industrielles (accumulation de clichés et ressorts scénaristiques déjà éculés) et une intrigue terriblement prévisible. Si cette banalité peut sembler problématique d’un point de vue cinématographique, elle est au contraire heureuse d’un point de vue politique : cette comédie est pleinement comparable à toutes les autres, peu importe l’orientation sexuelle de ses personnages. Rappeler que tous les humains ressentent la même chose et que chacun devrait pouvoir décider de ce qu’il fait de son corps peut sembler futile voire inutile, mais dans un pays comme les États-Unis, le message est tout sauf vain.

Malheureusement, malgré la démarche louable, le résultat est lui plus hésitant, la faute à un humour souvent maladroit. Si on apprécie les différentes vannes sur les représentations des homosexuels, notamment dans les films, le sarcasme omniprésent a tendance à nous éloigner des sentiments des deux héros, comme si cette prise de distance auto-réflexive empêchait le métrage de véritablement déployer la sincérité des batifolages auxquels on assiste. Entre le mordant de Judd Apatow et la bluette pionnière, "Bros" ne trouve jamais véritablement son équilibre, flirtant même parfois avec la parodie. C’est dommage. Mais ce n’est certainement pas le plus important à retenir.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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