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LA BRINDILLE

Un film de Emmanuelle Millet

Tranche d’une vie dans le déni

À 20 ans, Sarah est passionnée d’art et espère transformer son stage dans un musée en véritable CDI. Elle y travaille dur, mais alors qu’elle part chercher un tableau dans la réserve, celle-ci s’effondre d’un coup d’un seul. Transportée en urgence à l’hôpital, les médecins lui annoncent qu’elle est enceinte de plus de six mois...

Voilà un film sur un sujet délicat, peu traité par le cinéma français car certainement tabou : le déni de grossesse. À tout juste 20 ans, une perte de connaissance fait perdre à Sarah son travail et lui révèle sa grossesse de six mois, qu’elle ignorait jusqu’alors. Un physique svelte, des règles chaque mois, il n’y avait aucune raison de s’inquiéter. Pourtant, Emmanuelle Millet rappelle avec son premier film que ces situations sont toujours possibles et se révèlent bien compliquées lorsque l’on se retrouve sans revenu et d’autres projets plein la tête.

Car pour son héroïne, il n’est pas question d’avoir un enfant. En tout cas pas maintenant. Ce qu’il est aisé de comprendre : sans un sou en poche, et une promesse d’embauche qui vient de filer, elle se voit à présent menacée d’éviction du foyer de jeunes travailleurs dans lequel elle vit. À côté de ses rêves de carrières dans l’art, Sarah se retrouve nez à nez avec une réalité qu'il lui est difficile d’accepter. L’avortement n’étant plus possible, seul un accouchement sous X et confier le bébé à l’adoption représente son échappatoire. Décision que l’on peut juger radicale et égoïste, mais sans discussion possible pour Sarah.

Sans contact ou presque avec sa famille, Sarah est dépeinte comme une fille profondément solitaire, isolée des autres filles du centre maternel et renfermée dans ses tracas. La réalisatrice choisit de mettre de côté la réaction familiale et suit inlassablement la fuite de son héroïne à la fois fragile et déterminée. Faisant fi des conseils des médecins et du planning familial, la jeune fille se garde pour elle ce fardeau qu’elle choisit d’ignorer. Les dilemmes et doutes que la jeune serait en droit de ressentir n’émergent qu’en de très rares moments, nous laissant inévitablement dans une passivité qui fait finalement passer ces 1h20 pour le double.

Pourtant, Christa Théret, révélée dans le « LOL » de Lisa Azuelos confirme ici sa capacité à endosser le premier rôle et à insuffler une réelle authenticité à ce personnage d’adolescente. Sa prestation et son personnage rappellent la petite Prudence interprétée par Lea Seydoux dans « Belle épine ». C’est plutôt dans le chemin que prend la réalisatrice pour dépeindre cette réalité linéaire et exempte de rebondissement, que le film perd de sa vigueur et de son intérêt. « La Brindille » évite avec brio le pathos, certes, mais à trop vouloir coller à la réalité, Emmanuelle Millet laisse son audience de marbre sur un sujet qui a pourtant tout pour émouvoir.

Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur

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