THE BOY
Surprise surprise !
À première vue, "The Boy" semblait être un film d'horreur tout à fait quelconque. Une belle jeune femme terrorisée par une poupée en porcelaine maléfique, rien de très original. On pouvait même avoir un très mauvais a priori en lisant le pitch : Greta, une jeune américaine, devient la baby-sitter d'une poupée en porcelaine dans un manoir lugubre perdu au beau milieu de la campagne anglaise… Un synopsis tellement cliché que l'on a du mal à envisager que le personnage principal, interprété par Lauren Cohan ("The Walking Dead"), ne se doute pas de ce qui l'attend. En effet, quelle personne saine d'esprit accepterait d'être enfermée des semaines durant dans un immense manoir avec pour seule mission de surveiller une poupée flippante qu'un couple de retraités considère comme leur enfant ? C'est si énorme que le film paraît invraisemblable avant même d'avoir débuté. Comment ne pas s'attendre à un long-métrage prévisible et banal ? D'ailleurs, la première partie du film confirme ces inquiétudes. Brahms fait bouger des objets, se déplace mystérieusement dans la maison, etc. On s'ennuie ferme et on voit mal comment le film pourrait décoller.
A ce point du film, on comprend mal comment "The Boy" a pu être aussi bien accueilli par la presse qui, sans être unanime, nous présente le long-métrage de William Brent Bell comme une œuvre d’une certaine qualité. Oui mais voilà, il se trouve que Greta a quitté les États-Unis pour fuir son passé. Un élément de scénario qui était jusque-là peu exploité et qui va finir par réapparaitre dans l’intrigue. La jeune femme est alors obligée de chercher de l’aide dans cet environnement hostile où un nouveau danger est apparu. Si bien que la dynamique relationnelle entre les personnages s'en trouve totalement chamboulée ! Et c’est exactement à partir de là que le film devient génial ! On restera vague pour ne pas gâcher la surprise. Vient ensuite un autre retournement de situation qui vient lui aussi rebattre les cartes avant une troisième partie particulièrement intense. On est à moitié sous le choc, à moitié pris dans l’action, et ça donne un final tout à fait délectable.
C’est l’écriture qui est à la base de cette réussite. En effet, William Brent Bell n’est rien d’autre qu’un faiseur de films d’horreur, assez moyens pour la plupart. Il a d’ailleurs été remarqué par la production grâce au succès commercial de "The Devil Inside" un film d’exorcisme tout ce qu’il y a de plus commun. Mais alors, comment "The Boy" peut-il être aussi réussi ? Eh bien grâce à Stacey Menear, un scénariste américain déjà remarqué en 2009 pour son premier script intitulé "Mixtape" qui figurait sur la prestigieuse blacklist d’Hollywood recensant les meilleurs scénarios non produit de l’année. Car ce qui fait la réussite de "The Boy" est son scénario en trois actes. Le premier est très classique et prévisible, le second est agréablement original et lance parfaitement le troisième qui conclut en apothéose une heure trente-sept minutes d'un film surprenant qui prend complètement à contre-pied le spectateur cynique et désabusé à force de voir des films d'horreur moyens comme "Annabelle" au cinéma.
Adrien VerotEnvoyer un message au rédacteur