BOXES
Excentrique
Alors que son père vient de mourir, une femme fait apparaître les nombreux fantômes de sa vie, tout comme les ombres des vivants et dialogue avec eux…
Avec son nouveau film, pour lequel elle passe derrière la caméra, Jane Birkin renforce volontairement son image d'excentrique à la toujours bonne humeur. Décousu, éparpillant les destins de ses personnages, explosant toute structure narrative, son scénario fait forcément penser à du Osseliani. Dans ce qui pourrait bien être sa propre histoire, revisitée, relue et surtout réécrite, elle donne à voir ses blessures face à divers hommes, comme ses relations familiales, entre amour forcené et jalousie muette. Et bizarrement, malgré les sourires de façades, on est bien plus touchés par les moments de torpeurs que par ces petits bonheurs qu'elle s'ingénie à nous décrire à traits forcés dans la première moitié du film.
C'est lorsque son personnage ose confronter son caractère de bonne pâte à ses démons, hommes infidèles, père indigne vite jugé ou mari aimant et (trop) complice avec ses filles, que Jane Birkin nous touche. Car le reste, le sourire éffarouché, les yeux qui roulent de bonheur, ou les vraies-fausses fautes de français vite oubliées derrière le charme de l'accent, on connaissait déjà cela d'elle. Malgré des scènes originales dans leur ton, comme leur mise en scène, ce n'est que lorsqu'elle donne dans le minimum qu'elle nous passionne. L'excentricité a donc ses limites, mais en grande artiste qu'elle est, elle le sait, et préfère terminer son discours par une très belle scène, d'une troublante simplicité où chacune des générations s'interroge sur sa capacité à être une bonne fille.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur