BORO IN THE BOX & LIVING STILL LIFE
Une véritable expérience de cinéma, aussi absolue que difficile à saisir
Deux moyens-métrages, l’un qui retrace la vie du cinéaste Walerian Boowczyk, l’autre qui voit des morts revenir à la vie grâce à la magie de l’écran.
Rarement, les moyens-métrages sortent en salles ; rarement, des films sont aussi esthétiques ; rarement le cinéma et l’art vidéo ont été aussi proches. "Boro in the Box" et "Living Still Life" sont deux films qui se voient plus qu’ils ne se racontent, une expérience sensorielle et fantasmagorique quasiment indescriptible. Car dans cet univers fantasmé, la logique n’a pas de cours, c’est la forme qui prend le dessus, une poésie tortueuse s’empreignant de la pellicule. Mais dans ces deux moyens-métrages, le formalisme n’oublie jamais le récit, les deux étant en parfaite fusion.
L’un, structuré comme un abécédaire, nous retrace la vie de Walerian Borowczyk, cinéaste et plasticien polonais, connu notamment pour avoir mis en boîte le cinquième épisode de la saga érotique "Emmanuelle", mais surtout pour être un véritable expérimentateur. D’une richesse visuelle éblouissante, cet essai filmique impressionne par la pureté du cadre, la beauté de sa mise en scène, et l’onirisme permanent qui se dégage de cet anti-biopic fantaisiste. Macabre et lugubre, ce conte entre Buñuel et Tim Burton est un exercice de style magnifiquement réussi, aussi sensuel que déconcertant.
L’autre moyen-métrage voit une cinéaste redonner vie aux morts qu’elle croise durant ses pérégrinations au cœur d’un pays désolé. Moins intense mais plus dense dans son propos, ce deuxième film nous interroge sur la perception du cinéma, sur notre manière de voir les choses. Et dans ces deux ovnis cinématographiques, l’enchantement s’accompagne toujours d’une vision horrifique, balançant les spectateurs entre deux mondes. Si l’enchantement est presque total, il faut toutefois admettre que "Boro in the Box" et "Living Still Life" sont difficiles à appréhender, leur dimension ésotérique pouvant rebuter. L’expérience est radicale, mais elle est tellement originale qu’elle mérite le détour, qu’on soit néophyte en la matière ou non.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur