Festival Que du feu 2024 encart

BORAT

Un film de Larry Charles
 

2ème avis: Osé, révélateur mais trop porté sur l'humour pipi caca

Borat, journaliste kazakh, est envoyé aux Etats Unis afin de réaliser un documentaire sur la plus grande des nations, modèle pour tous les pays du monde. Nous suivons son periple accompagnés de son producteur, assistant à un choc des cultures des plus révélateurs…

Sacha Baron Cohen est connu pour être un humoriste provocateur. En France on a pu le découvrir dans le clip de Madonna "Music" où il reprenait son rôle de rappeur bêta, qu'il avait déjà interprété pour la télé et dans son premier film "Ali G". Grimé en faux reporter Kazhak au costume trop court, on était en droit de se demander ce qu'il allait pouvoir faire d'un postulat de départ pareil, d'autant qu'on savait le réalisateur des Austin Powers (Jay Roach) aux commandes de la production avec lui. Et le résultat est assez décapant, mais cependant inégal.

Inégal, car après une présentation du "back-ground" de Borat, interprété par des habitants d'un petit village roumain, le film hésite en permanence entre faux documentaire provocateur et simple caméra cachée à l'humour assez gras et porté sur la chose. Bien entendu on rit beaucoup. Les ahurissants dialogues captés pour le faux reportage (l'anéantissement souhaité des homos par un texan, l'armurier qui conseille sans sourciller un type d'arme pour "tuer un juif"...) font flirter intelligemment gêne et rire. Tandis que les passages pus gras, s'ils sont amusant un certain temps (le fameux slip porté sur les épaules...) virent parfois au cauchemar, comme lors de la scène du repas, lors de laquelle on se dit que finalement les hôtes ont peut être bien fait de le virer...

Juif lui-même, Baron Cohen met en scène toutes les peurs présupposées, les préjugés racistes et latents qui sévissent encore aujourd'hui à l'égard de ses semblables, et il s'en amuse de manière aussi provocatrice que dérisoire. La bêtise jaillit alors à l'écran, mais elle aurait pu être filmé dans bien d'autres pays, y compris en France. En choisissant bien les endroits et les personnes interviewées, on aurait certainement pu arriver au même résultat. Et c'est bien là l'ultime limite de ce film qui ne semble avoir aucune barrière, ni morale ni humaine. Borat n'en reste pas moins une expérience édifiante prônant la tolérance et la curiosité envers les autres., à découvrir ne serait-ce que pour la scène de l'hymne américain, qui en dit long sur l'état d'esprit de certaines foules.

Anthony MARDONEnvoyer un message au rédacteur

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