Festival Que du feu 2024 encart

BOOSTER

Un film de Matt Ruskin

Polar noir « Jamesgrayien »

Quand le frère de Simon se retrouve en prison pour braquage, une seule alternative s’offre à ce dernier : reproduire les mêmes méfaits dans le même quartier pour faire croire aux enquêteurs que le voleur coure toujours, et innocenter son frangin…

Présenté en compétition au festival du film américain de Deauville 2012, « Booster » est au cinéma indépendant ce que « Independance day » est au blockbuster ! Caméra à l’épaule, jeunes comédiens inconnus et investis, lumière et scénario sombres avec une histoire de vie difficile à Boston, faite de trafic en tout genre, d’une grand-mère à gérer et d’un fort besoin de fric poussant un jeune à tutoyer les gros coups, ce qui pourrait bien le mener à la case prison… Un premier long-métrage en forme de petit polar noir dans les réseaux des voleurs de Boston.

Mais « Booster », qui aurait pu être un film indé de plus, marque davantage les esprits et a même été la première sensation du festival de Deauville 2012. Le jeune réalisateur Matt Ruskin (après son documentaire « Hip Hop Project ») nous plonge dans le quotidien de Simon, un trentenaire qui vit donc de vol à l’étalage et de la revente de ses forfaits. Une histoire Jamesgrayienne, délocalisée à Boston, où la famille est au cœur des enjeux et où l’amour fait irruption pour tirailler le personnage entre fraternité et fidélité. Au casting, les comédiens non-professionnels (mis à part Seymour Cassel) tirent leur épingle du jeu, Nico Stone et Adam Dupaul en tête. Le premier, parfait anti-héros, et le second, sorte de figure scorsesienne avec sa corpulence massive et ses tatouages aux bras, ont su capter voire captiver les festivaliers deauvillais.

La réalisation est également un point fort du métrage. Ruskin impressionne avec son rythme alerte et ses scènes courtes, traduisant certainement l’urgence dans laquelle le tournage a dû se dérouler (pas d’autorisation officielle, prises de vues filmées à la sauvette…) mais collant parfaitement au script, le compte à rebours installant l’empressement de l’enjeu pour le frère de Simon emprisonné. Pourtant, l’histoire se déroule « tranquillement » sous nos yeux parfois enchantés et le réalisateur arrive à amener l’inévitable issue avec talent : un vrai tour de force. « Booster », qui signifie "voleur" dans le jargon américain, restera donc un petit film indépendant incroyablement bien construit et bien écrit.

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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