BLUE SUMMER
Élégant récit chinois de passage à l’âge adulte
Xian, 15 ans, vit avec sa mère, médecin, qui apprend le français afin de partir un mois en mission en Afrique. Celle-ci la confie pour cette période, à son père, photographe, dont la nouvelle compagne, coréenne, a une fille, un peu plus âgée que Xian : Mingmei. Xian est tout de suite fascinée par Mingmei et entre elles se noue rapidement une complicité des plus troubles…
Présenté l'an dernier à la Quinzaine des cinéastes, sous le titre "A Song Sung Blue", "Blue Summer" raconte l'amitié-amoureuse de deux jeunes filles, contraintes de vivre ensemble un temps sous le même toit. D'un côté il y a Xian, 15 ans, allergique aux cacahuètes, faisant partie d'une chorale, timide et curieuse à la fois, et que son père surnomme sans délicatesse « La Pisseuse », la rabaissant à l’état d’enfant. De l'autre il y a Mingmei, d'origine coréenne, plus âgée, qui fréquente déjà des garçons et flirte avec ceux-ci, qu'il s'agisse d'un jeune restaurateur coréen, ou d'un garçon plus âgé. Fascinée par la beauté et la liberté de Mingmei, Xian va vivre ses premiers émois, durant un été qui marquera son entrée, un peu forcée, dans l'âge adulte. Une situation que la fin du film, apaisante, après le tourment des pulsions adolescentes, hésitants entre garçon et fille, viendra entériner.
Très élégant en termes de mise en scène, "Blue Summer" se pare dès le début de teintes bleutées, aussi bien dans la chambre de l'héroïne, les vêtements, la chemise, qu’avec la blouse de sa mère. La caméra de Zihan Geng parvient tout de suite à capter la féminité exacerbée de Mingmei, coquette, cheveux longs bruns et bleus, alors qu'elle évolue dans la salle de bain, se posant ainsi du côté de la curiosité éveillée de Xian. Elle met ensuite en évidence de petits gestes, qui marqueront leur rapprochement, lorsque Xian soigne un bleu au visage de Mingmei, ou au moment d'une caresse au coude qui maintient l’ambiguïté entre elles. La réalisatrice joue également avec habileté autour de la notion d'image, les appareils photos du père et leurs objectifs servant de vecteur à leur relation, et sa caméra utilisant regards comme reflets. Un tendre et cruel portrait d'adolescente, bousculée et contrariée dans ses premiers désirs.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur