BLADE TRINITY
Les canines étaient limées de l’intérieur.
Le dernier épisode de cette série, du moins avec Wesley Snipes car on est au USA, est réalisé par l’initiateur scénaristique de ce projet David S. Goyer. Celui qui a redonné ses lettres de noblesses au chasseur mi homme mi vampire, en toute logique se devait bien de conclure lui-même sa trilogie. Mais pour ce quasi néo-réalisateur, le pari semblait difficile à relever, surtout en passant après Noringhton et Del Toro, chacun ayant donné une esthétique très précise et importante au chasseur de vampire en question. La seule chose qui pouvait sauver David Goyer était son talent de scénariste en donnant au personnage un final éblouissant.
Et bien c’est peine perdue, car il s’agit même plutôt d’une catastrophe pour les amateurs de trips urbains baignant dans le savant mixage de manga, de comics et de cinéma d’action. Déjà que le talent propre du réalisateur pour filmer et styliser son film n’éclate à aucun moment, il n’est de plus pas aidé par son scénario, qui même si il brasse quelques intéressantes idées, celles si restent à l’état larvaire ou sont mal exploitées (quand elles le sont). Le pitch résidant en la mise en image du combat ultime entre Dracula et Blade ne motive nullement le réalisateur, et une autre donnée rentre en ligne de compte : le charisme des acteurs.
Et alors là le casting donne a peu près dans le n’importe quoi, avec un Dracula ressemblant plus à un surfeur huilé qu’à un slave des Carpates, et des sous fifres qui n’auraient pas même eu le rôle de faire valoir dans les deux premiers épisodes de la série. Les scènes d’action, sans être ratées, sont quelconques et sans poussées d’adrénaline, à tel point qu’il aurait mieux valu engager un solide artisan de la pellicule qui aurait sans doute fait mieux. D’autant que les dégâts ne s’arrêtent pas là, avec des dialogues insipides et un humour des plus graveleux, qui tombe, la plupart du temps, à plat.
Ce film est donc une grande déception de la part d’un auteur qui avait pourtant pris l’habitude de nous régaler. Parmi les raisons de cet échec, on peut voir une désillusion de ce scénariste face à des producteurs qui avaient refusés la première mouture de son script, partiellement repris ici. On y voyait un Blade réduit à l’état de « pourchassé », dans un monde où les vampires avaient pris le pouvoir, les humains ne servant plus qu’à les nourrir, parqués dans des frigos géants. Un vrai film sombre de sciences fictions à la mode des seventies, période à laquelle est né le personnage de Blade. Dommage.
Guillaume BannierEnvoyer un message au rédacteur