BLACK PHONE
Le téléphone vers l’au-delà
Denver, 1972. Plusieurs enlèvements d’adolescents ont eu lieu en banlieue et la police piétine dans son enquête. Finney Shaw, jeune garçon timide de 13 ans, est enlevé à son tour. Il se retrouve enfermé par son ravisseur dans une pièce au sous-sol d’une maison avec un matelas et un téléphone hors service accroché au mur. Pourtant, au bout de quelques heures, ce dernier se met à sonner…
Après "Sinister", le duo Scott Derrickson – Ethan Hawke se reforme à nouveau pour jouer avec nos peurs avec "Black Phone", une histoire de serial killer teintée de fantastique. La mise en place, plutôt sobre, permet de s’imprégner de l’arrière fond social de l’intrigue (la photographie ainsi que le scénario ne viennent pas enjoliver ce décor de banlieue en décrépitude où chacun reste chez soi et où la solidarité malgré les drames ne semble pas être présente). Puis le long-métrage, une fois le kidnapping du jeune héros passé, bascule dans une veine fantastique scindée en deux arcs narratifs plutôt inégaux : le calvaire de Finney et ses tentatives d’évasion, aidé par les anciennes victimes du tueur, et celui de sa jeune sœur, assaillie par des visions et qui tente d’aiguiller les policiers dans leur enquête. Ainsi, tous au long du film, l’ensemble des jeunes adolescents ne semble pouvoir compter que sur eux-mêmes et leur entraide, les adultes étant soit menaçants, soit inactifs ou ne les prenant pas au sérieux.
Si Derrickson parvient à distiller une véritable atmosphère et à insuffler une vraie tension à son long-métrage, on ne peut s’empêcher toutefois de regretter certains effets de mise en scène (notamment les ralentis plutôt superflus) et certains jump scare forcés (notamment lors de l’apparition de certaines victimes du tueur). Enfin, l’arc narratif de la sœur de Finney ne s’avère pas du même calibre que le reste de l’intrigue, avec un personnage plutôt mal écrit et un suspense mal maîtrisé.
Pour qu’un film de ce type puisse fonctionner, il faut que l’antagoniste inspire la peur et c’est ce que réussit Ethan Hawke en parvenant à instaurer une véritable tension par une présence physique assez impressionnante. Même s’il est peu présent à l’écran au final, on reste constamment sur nos gardes, pensant qu’il pourrait surgir à tous moment. Le reste du casting est intéressant, avec en tête le jeune Mason Thames qui parvient à être juste tout au long du long métrage. Thriller fantastique de bonne facture "Black Phone" prouve encore s’il le fallait que le studio Blumhouse parvient souvent à créer des films efficaces avec un budget limité. On vous invite donc à décrocher le téléphone tant qu’il encore temps.
Kevin GueydanEnvoyer un message au rédacteur