THE BLACK BALLOON
L'autisme à coeur ouvert
Lors d'un générique assez inspiré, la réalisatrice de « The black balloon » fait apparaître sur chacun des objets ou éléments composant ses plans, leurs noms en typographies de tailles différentes. On s'attend alors à ce que le garçon autiste qui est avec son frère, le personnage principal du film soit à l'image d'un certain « Rain man », que tout le monde a forcément en tête, extrêmement doué. Il n'en rien et le scénario s'attarde intelligemment sur les difficultés de ce garçon, trop grand pour son âge mental, dont l'évolution s'est arrêtée avant l'usage de la parole. Juste, ce récit d'un quotidien envahissant pour les autres, sujet à nombre d'incompréhension depuis l'extérieur, nous nous épargne rien, jusqu'à l'éprouvante et humiliante scène du jeu avec les excréments.
Bouleversante et malgré tout, drôle, cette histoire d'une famille dans laquelle le regard de l'autre (et celui du frère) est source de mise en danger d'un frêle équilibre, touche par sa justesse et sa générosité. La méchanceté gratuite (des voisins dénonciateurs par exemple) est pointée sans complexe. Le fonctionnement de la cellule familiale, bruyante, désordonnée mais d'une solidarité à toute épreuve, est disséqué avec tact, relatant des réactions démultipliées face au moindre obstacle ou changement d'habitude. Et au milieu de tout cela, l'ado le plus stable tente courageusement de mener une vie normale, sans haïr celui qu'il n'a pas choisi et dont il ne veut naturellement pas être responsable. Un petit film australien qui devrait faire un long chemin.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur