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BLACK 47

Un film de Lance Daly

Un western irlandais au personnage trop monolithique

Martin, irlandais, décide de fuir l’armée anglaise et de rentrer au pays. Il apprend alors la mort de sa mère, décédée de fièvre un an plus tôt, la pendaison de son frère, et le départ prochain de sa belle sœur et de ses trois enfants pour les Amériques. Mais il découvre surtout l’ampleur de la famine et des injustices perpétrées par les propriétaires anglais...

D'emblée "Block 47" affiche la couleur, avec une ambiance lumineuse légèrement surexposée, donnant à voir la campagne exsangue du Connemara. Maisons éventrées, froid ambiant, habitants en guenilles aux silhouettes squelettiques, enterrant leurs morts… La peinture de la grande famine de 1847 est saisissante et fait froid dans le dos. C'est dans ce contexte que Martin Feeney, parti jouer les soldats pour l'armée britannique, revient au pays, découvrant l’ampleur des dégâts sur les populations et le nouvel impôt instauré. Un lourd tribu qui fait que les propriétaires expulsent les pauvres gens de leurs terres, à tours de bras, sans aucune pitié.

Sorte d'épopée vengeresse tournée à la façon d'un western, "Black 47" se transforme en chasse à l’homme. Décrivant initialement les exactions de son personnage principal (assassinat du voisin, pendaison du juge…) ayant résisté à l’éviction, emporté par son désir de vengeance, le film raconte aussi les mésaventures des poursuivants : un inspecteur et un jeune soldat. Dépeint comme un fantôme tournant autour de ses proies, ou comme un indien guettant un convoi, ce personnage a tout de l’homme en sursis, figure classique du western contemporain, comme pouvaient l’être les personnages de Leonardo Di Caprio dans "The Revenant" ou Jude Law dans "Retour à Cold Mountain".

Alignant les gueules de cinéma et les personnages sans foi ni loi, le film, aussi violent que son personnage est mutique, constitue ainsi une sorte de chasse aux responsables, le héros remontant la chaîne jusqu'au plus haut, et mettant en évidence la responsabilité des Anglais dans l’entretien de la pauvreté. Austère autant que sanglant, il séduit par son aspect âpre et au-delà de son acteur principal un peu trop monolithique (James Frechevilleà), a le mérite de remettre en avant le désormais trop rare Stephen Rea ("The crying game", "Ondine") dans un petit rôle de guide local qu’il épouse parfaitement.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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