BEUR BLANC ROUGE

Cinématographiquement parlant, on ne peut pas qualifier ce Beur Blanc Rouge de grand film. Les images sont classiques, plus proches du document pour la télévision que d’une œuvre cinématographique. Mais la réussite de ce film est à aller chercher tout ailleurs. Cette comédie n’en est finalement pas une. On n’est que peu touché par l’humour de ces jeunes, et on peine parfois à comprendre quelle est la véritable histoire que cherche à nous raconter le réalisateur.

Par contre, la seconde moitié du film lui donne tout son sens, au fur et à mesure que l’on approche de ce France-Algérie tant attendu. Car le véritable sujet du récit n’est ni la comédie, ni ce match de foot, mais bel et bien la vie quotidienne et les difficultés d’intégration des jeunes immigrés, de la 2e ou 3e génération. On découvre ainsi de jeunes beurs français, qui n’ont jamais vu le bled de leur vie, vivent à la française et très loin des traditions du « pays », mais qui pourtant idéalisent ce pays d’origine, et renient jusqu’à leur nationalité, notamment ici, en soutenant l’Algérie pour ce match.

Beur Blanc Rouge constitue donc une vision claire et humaine du trouble de ces jeunes, qui ne savent plus réellement quel est leur véritable pays et, de fait, ne parviennent pas à s’intégrer. Il nous offre également la vision du paradoxe de ces ados qui après avoir idéalisé le bled, ne veulent pas y mettre les pieds. Un paradoxe d’autant plus prégnant que l’on découvre des français d’origine algérienne beaucoup plus ancrés dans leurs traditions que ne peuvent l’être les jeunes d’Alger par exemple.

Bref, un film qui vaut beaucoup plus pour son aspect sociologique - une certaine dénonciation et explication des évènements qui s’étaient produits autour du match – que pour ses allures de comédie.