BETÂNIA
Le superbe portrait d’une région mouvante
Betânia, presque 65 ans, enterre son mari. Elle vit dans un cabanon situé dans un hemeau de pêcheurs isolé, où il n’y a pas l’électricité. Malgré tout, elle continue à aider les femmes du coin à accoucher. Après les pluies, elle s’installe chez sa fille et sa petite fille, a Betânia, village qui lui a donné son nom, et où son fils veut tenter de devenir guide touristique…
"Betânia" est non seulement un village, rebaptisé ainsi par un prêtre durant la colonisation, en références aux écrits, mais c’est aussi le prénom de l’héroïne de 65 ans, dont les parents étaient passés par ce lieu. Se retrouvant seule dans un hameau isolé, où tout est pourtant à portée de main (l’eau, les poissons que l’on conserve en salaison…), suite à la mort de son mari, elle s’installe au village, avec ses proches. Doté d’images magnifiques sur l’écosystème dunaire local, dans lequel viennent s’insérer des petits lagons qui deviennent des prairies fleuries à la saison sèche, "Betânia" fait le portrait d’une communauté qui tente de survivre entre les mouvances de la rivière (qui oblige à déplacer les maisons...), la pollution de l'eau et le monde moderne qui semble à la fois une menace et une opportunité.
Alors qu’on découvre les conditions de vie dans le hameau de pêcheur, sans électricité, la caméra s’attardant sur de la vaisselle suspendue ou un séchoir à poisson (vu de l'intérieur en caméra subjective), la radio en fond diffuse des informations anxiogènes, sur l’inflation ou la rencontre du gouverneur avec des indigènes ayant monté des barricades. Saisissant la beauté des lieux, ces dunes sur fond de ciel entièrement dégagé (il s'agit du parc national des Lençóis Maranhenses, dans l'État brésilien du Maranhão), la mise en scène donne à voir autant l’esquisse d’influence de l’extérieur (le couple de touristes français, dont le mari est un râleur est plus vrai que nature, les chansons qui traversent le film sont autant de tubes occidentaux revus aux rythmes brésiliens : on reconnaîtra "Chandelier" de Sia ou "Careless Whisper" de George Michael...), que le fossé qui se creuse entre générations (la petite-fille veut être DJ et n’a pas des tenues au goût de sa mère). Mais c’est aussi et surtout le sens de la famille comme de la communauté qui est finalement mise en avant dans "Betânia", autant que l’espoir, incarné par la grand mère et son savoir faire culinaire, d’un avenir possible pour cette région.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteurBANDE ANNONCE
COMMENTAIRES
Diana Matos
mercredi 6 mars - 3h29
C'est fantastique