BENJAMIN
Portrait laborieux d’un mal être
Benjamin est un cinéaste britannique sur le point de sortir son second long métrage. Lors d’un concert, il tombe sous le charme d’un musicien et chanteur français prénommé Noah. Maladroit, Benjamin lui propose de visionner son film, quelques deux semaines plus tard…
"Benjamin" est inspiré des propres histoires intimes du réalisateur Simon Amstell, principalement de deux relations importantes, l'une constituant la trame principale du film, l'autre devenant celle du film dans le film (celui qu’est en train de monter le personnage principal au début). Auto-psychanalyse, moyen de demander pardon par personnage interposé, réflexion sur l’amour et l’ego, sur la différence d’âge dans une relation, ou encore comédie dramatique sur l’instabilité et le manque de confiance en soi, critique de l’élan artistique, le film voudrait être tout cela à la fois.
Malheureusement, comme pour Mike Leigh avec son "All or nothing", l'accumulation des caractères névrosés, tous faisant face à une sorte d'échec accablant (l'amie-agente, le pote adepte du stand-up, l'acteur fan de peinture...), finit par rendre l’ensemble aussi indigeste que répulsif. Difficile alors d’entrer en empathie avec quiconque, tant le malheur est étalé en long, en large et en travers. Le spectateur finit aussi gêné que les fans présents à la première du film, l’audience du happening, les parents lors du dîner avec leur fils musicien et son petit ami, ou l’auditoire du spectacle (pas drôle) de stand-up.
A force de s’intéresser à ses névroses (voire à celles de nombreux autres), de tourner vainement en dérision toute forme d’art (même si cela fait forcément sourire...), l’auteur en oublie celui qui observe et accompagne ses personnages. Seules quelques scènes d’intimité entre les deux amoureux sortent du lot, tout comme le soudain élan d’inquiétude pour un autre, dont le réalisateur fait preuve vers la fin. Et malgré un beau travail sur la photographie, tout comme sur la bande son (une collaboration avec James Righton, le chanteur du groupe londonien Klaxons), c’est malheureusement avant tout une profonde indifférence que provoque le film, tout comme la sensation que l’excès de réflexion finit par tuer toute émotion. Dommage.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur