BELINDA
Une œuvre atypique et émouvante
Belinda est une adolescente vivant dans un foyer qui rêve de jours meilleurs. Devenue adulte, elle rencontre le beau Thierry et compte bien l’épouser…
Depuis sa rencontre en 2000 avec les sœurs Muller, Sabrina et Belinda, alors respectivement âgées de dix et neuf ans, la réalisatrice Marie Dumora n’a cessé de les filmer. Comme son titre l’indique, ce nouvel opus se focalisera sur la cadette, retraçant le fil de sa vie et reprenant des images glanées pour les précédents métrages. Entre temps, l’adolescente est devenue adulte, et compte épouser son compagnon fraîchement libéré de prison. La caméra capture les gestes anodins du quotidien, les petits détails de l’existence révélateurs d’un parcours parsemé d’embûches. Mais il n’est pas question de s’apitoyer sur son sort, le récit évitant le sensationnalisme pour s’inscrire dans une réalité concrète, sans jugement ou condescendance.
Peu importe le contexte social, la cinéaste recherche une universalité dans son propos, celui d’une gamine dont l’adversité est devenue la norme. Récit bienveillant et pudique, "Belinda" s’intéresse avant tout à l’affection et aux relations que noue la jeune femme avec son entourage. Elle est une héroïne du quotidien, parce que peu de gamines seraient encore animées d’un tel désir de vivre. Pour autant, elle ne sera jamais idolâtrée. Si cette quête du bonheur en devient bouleversante, le documentaire installe un paradoxe entre l’authenticité de la démarche et une forme romanesque qui a tendance à enfermer ces êtres humains dans un cadre trop codifié. Marie Dumora ne cherche pas à dissimuler son parti-pris, le dispositif technique comprenant des ingénieurs du son et une lourde caméra, rendant de facto impossible l’oubli de ceux-ci par les protagonistes, mais ce portrait brut finit par perdre de son aura lorsqu’on ressent trop les intentions de la réalisatrice.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur