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BÉBÉ TIGRE

Un film de Cyprien Vial

Une réflexion touchante sur l’intégration

Many est arrivé en France à l'âge de 15 ans et mène aujourd’hui la vie ordinaire d’un adolescent : le lycée, les amis et sa petite copine. Mais il doit également affronter la pression de parents restés en Inde qui attendent de lui des sommes d’argent régulières…

Non, « Bébé Tigre » n’est pas un documentaire animalier, mais une chronique adolescente sur fond d’immigration et d’intégration. Pour son premier long métrage, Cyprien Vial s’est fortement inspiré de ses expériences personnelles et plus particulièrement des ateliers cinéma qu’il prodiguait dans différents lycées. Le film dresse le portait de Many, adolescent indien de 17 ans pris en charge par l’État français à son arrivée. Aujourd’hui, parfaitement intégré, il est cependant soumis à la pression de sa famille restée au pays, à qui il doit envoyer de l’argent fréquemment.

Très proche du documentaire dans son traitement, ce drame ultra-réaliste s’imprègne des codes de la fiction mi-sociale mi-personnelle pour ériger une réflexion morale et politique particulièrement intéressante. Fable humaniste, le récit nous transporte âprement dans le quotidien d’un jeune homme déchiré entre sa volonté de s’intégrer et une famille qui lui réclame des comptes. Au plus près de ses personnages, le réalisateur capture les émotions avec un certain brio, malgré une mise en scène un brin hésitante.

Mais si les qualités esthétiques du néo-cinéaste ne sont pas encore affirmées, ses compétences de direction d’acteurs explosent quant à elles à l’écran. Car la force et la puissance de ce métrage sont la résultante de l'emploi de comédiens débutants incroyablement habités par leur rôle, renforçant ainsi la dimension authentique de l’ensemble. Nous baladant des ateliers cinéma au trafic d’enfants, « Bébé Tigre » raconte, à l’image de la symbolique du titre, le parcours d’un enfant obligé de grandir rapidement, trop même. Surtout, il esquisse un instantané subtil des émois adolescents, rapprochant l’intime avec des questions sociétales. Pour un premier film, il fallait oser !

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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