BATTLE OF THE YEAR
Chorégraphies spectaculaires au milieu des clichés
Benson Lee connaît bien le monde du break dance ; pour preuve, le documentaire qu’il a consacré à cet univers "Planet B-Boy", que ce nouveau métrage cite à plusieurs reprises. En plus de faire la promotion de son documentaire, le réalisateur a décidé de mêler chorégraphies de haute voltige et récit initiatique, pour nous plonger dans la préparation d’un groupe en vue de remporter la plus grande compétition de break dance au monde, la Battle of the Year. Blake, ancien danseur et coach de basket, est devenu un ermite alcoolique et taciturne. Mais il se voit offrir la possibilité de sortir la tête de l’eau, en prenant en main le groupe qui représentera les Etats-Unis durant cet évènement. Pour les mener à la victoire, il impose ses propres règles et oblige les jeunes garçons à vivre en communauté dans un ancien centre de rétention. Durant 3 mois, ils vivront, mangeront et respireront break dance, aucun écart de conduite ne sera toléré.
Et à partir de ce postulat, le réalisateur commet tous les écueils possibles, multipliant les clichés à une vitesse impressionnante. On retrouve ainsi toutes les situations classiques de ce genre de films, où les valeurs du dépassement de soi, de l’importance du groupe, sont prônées avec une énorme maladresse. Métrage patriotique, voire propagandiste, "Battle of the Year" est une catastrophe scénaristique, chaque scène étant surjouée au possible. Néanmoins, le film bénéficie d’un atout indéniable, à savoir d’incroyables danseurs. Rarement, une production cinématographique aura proposé de tels numéros chorégraphiés. En piochant ses acteurs parmi les meilleurs B-boys, le réalisateur disposait du parfait matériau pour rendre chacune des séquences dansées incroyablement spectaculaires, et le pari n’est pas raté. Les danseurs jouent ainsi quasiment leur propre rôle, gardant leur véritable nom de scène, et ont pu librement inventer chacune des chorégraphies.
Et si les acteurs tiennent leur rang au milieu de ces breakdancers, en particulier Josh Holloway, la répétition caricaturale de messages enfantins transforme l’ensemble en un beau nanar. On bassine ainsi le spectateur avec l’importance de croire en ses rêves, on nous rabâche que toute rédemption est possible, mais le film oublie de donner une quelconque cohérence ou intérêt au scénario. Les amoureux du hip-hop, comme les profanes, seront ravis par la qualité des prestations proposées. Mais les amoureux du cinéma, eux, risquent de ressortir avec un certain mal de crâne face à cette accumulation d’inepties.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur