BATMAN BEGINS
He’s back !
Torturé par un profond sentiment de colère et de culpabilité suite à l’assassinat de ses parents sous ses yeux, Bruce Wayne, jeune héritier de sa richissime famille fuit Gotham City pour un long et discret voyage à travers le monde. Le but de ses pérégrinations : sublimer sa soif de vengeance en trouvant de nouveaux moyens de lutter contre l’injustice. De retour dans une ville corrompue, il se meut en symbole pour combattre le crime…
Après les délires flashouillo-gays de Joel Schumacher, on ne donnait plus cher de la franchise racontant les aventures nocturnes du Dark Knight inventé par Bob Kane. Par la grâce d’un scripte brillant et d’une relecture complète de l’œuvre, la série renaît de ses cendres en revenant justement aux origines. Largement inspiré du Batman : Year One de Frank Miller et autres grands crus s’attachant à creuser la personnalité psychotique de Bruce Wayne, le film de Chris Nolan vaut en premier lieu pour son approche très réaliste du mythe. Oublié l’univers poético-gothique de Tim Burton, Batman Begins prend racine dans des décors et des situations vraisemblables, se concentrant sur les personnages et leur psychologie.
Le premier tiers du film, voyage initiatique à la lisière du mysticisme nous dépeint les pérégrinations de Wayne à travers le monde, sondant les peurs du héros. En redéfinissant la notion de vengeance et en narrant des épisodes quasi inédits vis-à-vis du comic-book, il pose les bases d’un film profond où le spectaculaire serait presque sacrifié. Presque car Nolan assure le minimum syndical en terme d’action, prouvant que son talent réside moins dans le grand spectacle que dans la construction de personnages et l’étude de caractère, en témoignent des scènes de baston totalement oubliables. Ce défaut stylistique se retrouve dans la direction artistique, où le réalisme à outrance ne cache pas un certain manque d’audace notamment dans la représentation de Gotham City ou plus encore dans celle de l’asile d’Arkham. Le décalage se ressent notamment lorsque le scénario bascule davantage dans le fantastique, et certains éléments clés s’en ressentent : un Epouvantail à moitié convaincant, un final apocalyptique qui manque de puissance évocatrice…
Reste que la mise en scène un peu timorée de Nolan n’enlève rien à l’excellence de son scripte co-écrit avec David Goyer, le nouveau « comic spécialiste » (la trilogie Blade c’est lui). Parvenant à lier le combat intérieur d’un homme, la dérive sociale d’une ville et la mythologie héroïque, le scénario fait vivre autour de l’excellent Christian Bale de nombreux personnages satellites. Chacun existe à l’écran (mention spéciale à Michael Caine) et vient enrichir un film narrativement remarquable, jusque dans son dénouement qui marque définitivement un nouveau départ. Et pour peu que Chris Nolan se lâche visuellement, les suites (Bale a signé pour trois épisodes) pourraient avoir un sacré répondant. Qu’on se le dise, Batman est revenu. En pleine forme.
Thomas BourgeoisEnvoyer un message au rédacteur