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BATAILLE A SEATLLE

Un film de Stuart Townsend

"Ce n'est plus Seattle, c'est Beyrouth !"

Du 30 novembre au 03 décembre 1999, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) se tient à Seattle. Destinée à ouvrir un cycle de négociations visant à ouvrir davantage les marchés des biens, services et produits agricoles, elle constituait la plus grande conférence du commerce jamais tenue. Mais ce rassemblement avait également une dimension planétaire : des manifestants étaient venus de partout pour protester contre la dictature du marché mondial qui permet aux grandes entreprises et aux grandes fortunes de s’enrichir encore davantage au détriment des travailleurs, des paysans pauvres et des démunis. Django, Jay et Lou étaient de ceux-là. Ils n'oublieront jamais ce qu'ils ont vécu sur place...

Acteur irlandais né en 1972, Stuart Townsend est surtout connu pour être celui à qui le rôle d’Aragorn échappa au dernier moment avant d’être attribué à Viggo Mortensen. Se tournant plus tard vers la caméra, il décide de réaliser son premier long-métrage sur les événements qui ont marqué d’une pierre blanche la médiatisation de la lutte antimondialiste : la tenue à Seattle de la troisième conférence de l'OMC.

L'ampleur des manifestations empêcha la tenue de la première journée de réunion, et malgré le pacifisme généralement affiché, une poignée de provocateurs a suffi à déclencher l'intervention brutale des forces de police. L'état d'urgence et le couvre-feu furent décrétés et le chaos ambiant fut retransmis sur toutes les chaînes de télé à travers le monde.
Un scénario digne des plus grands films dramatiques, dont Townsend s’est emparé pour livrer un brûlot mêlant personnages fictifs et événements bien réels.

Townsend ne cherche pas l’unique point de vue et refuse le film manichéen. Il multiplie ainsi les points de vue sur ces journées historiques en nous embarquant au sein d'une bande d’opposants à l’OMC, et en racontant comment Monsieur le Maire revoit sa copie sur l’organisation de la sécurité. Il suit également une section de la police bien obligée d’exécuter les ordres venus de plus haut, et montre comment les journalistes s’emparent du sujet, parfois au détriment de leur carrière. Et il se met dans la peau des organisations humanitaires également présentes sur place, et qui ont du mal à se faire entendre dans le désordre ambiant. Townsend en tire au final une réflexion forte et pertinente, parvenant notamment à pointer du doigt les nombreuses contradictions de ce rassemblement planétaire.

Alors certes, son film n’évite pas certains écueils. Townsend, également scénariste, a notamment développé certains personnages, très proches de la caricature, et quelques situations archi-prévisibles. Mais son montage nerveux, ses dialogues percutants (évitez la VF, il va de soi), sa bande son travaillée, ses musiques de choix, son casting ingénieux et impeccable, et surtout l’émotion qui s'en dégage, font de ce premier film une vraie réussite. A ne surtout pas manquer.

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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