BAC NORD
Un uppercut comme on en reçoit rarement au cinéma
Greg, Yass et Antoine forment une équipe de la Brigade anti-criminalité chargée de surveiller les quartiers nord de Marseille. Leur supérieur leur demande sans cesse d’améliorer leurs résultats dans cette partie la plus dangereuse de la cité phocéenne. Un jour, l’équipe apprend l’arrivée imminente d’une lourde cargaison de drogue dans leur secteur…
Deux ans après le succès des "Misérables", le film de Ladj Ly multi primé (César du meilleur film et Prix du Jury au festival de Cannes 2019), le cinéma français nous livre un deuxième long-métrage fort sur la situation dans les banlieues et la difficulté qu’a la police à maintenir l’ordre dans ces quartiers. Cédric Jimenez ("La French", "HHhH") quitte la capitale et sa couronne pour rejoindre la cité phocéenne, mais comme vous vous en doutez, on sera bien loin du Marseille de Guédiguian et de "Taxi" !
Jimenez suit les flics de la BAC Nord marseillaise, qui font face aux petites frappes à scooter qui n’ont pas froid aux yeux comme aux grands pontes intouchables sur leur territoire inviolable, ces fameuses zones de non-droits. Le réalisateur-scénariste s’appuie sur un fait divers qui a défrayé la chronique au début des années 2010 : l’inculpation de policiers accusés notamment de trafic de drogue en bande organisée. Cette bande très organisée dans "BAC Nord", c’est celle de Greg, Yass et Antoine, trois flics chevronnés qui en ont dans le calbut et qui ne demandent qu’à faire leur taf correctement. Alors, quand la BAC n’a pas de quoi les financer pour une opération liée au grand banditisme, les moyens ils les trouvent eux-mêmes quitte à dépasser la frontière de la légalité.
Le résultat de ce "BAC Nord" est un presque sans faute grâce à une mise en scène sur les chapeaux de roues qui vous tient en haleine du début à la fin (mises en place des personnages et des situations amusantes puis tendues, avant de virer à poignantes puis explosives). Jimenez s’entoure d’un casting quatre étoiles : des acteurs habités, plus vrais que nature qui vivent pleinement leur rôle. Tous sont excellents : Adèle Exarchopoulos et Kenza Fortas chez les filles, François Civil et Karim Leklou chez les garçons. Mais c’est sans conteste à l’incroyable Gilles Lellouche en vétéran de brigade et vieux brisquard qu’on attribuerait la note maximale avec les félicitations du jury. Il est tout simplement à l’image du film, auquel il insuffle sa fougue, son aura et sa puissance de jeu. Il confirme qu’il n’est plus simplement qu’un acteur de comédie hors pair ("Le Sens de la fête"...) mais bien un acteur complet à la Lino Ventura. Présenté hors compétition au Festival de Cannes 2021, "BAC Nord" aurait vraiment mérité sa Palme d’hors… compétition !
Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur