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BABYLON A.D.

Un film de Mathieu Kassovitz

Action à vendre !

Toorop a mené bien des combats et survécu aux guerres qui ont ravagé le monde depuis le début du XXIème siècle. La mafia qui règne sur l’Europe de l’Est confie une mission délicate à ce mercenaire : convoyer de Russie jusqu’à New York une mystérieuse jeune fille prénommée Aurora pour la remettre aux mains d’un ordre religieux tout puissant…

Pour ceux qui n’ont pas lu Dantec (j’en fais partie), « Babylon A.D. » pourra se résumer très simplement à ceci : un film à l’intrigue linéaire et facile d’accès, produit de consommation facilement assimilable par le grand public par rapport à la réputation que se traînait le roman d’origine, à savoir un fourre-tout aussi brillant qu’ inadaptable.

On se souvient d’avoir attendu ce film pendant bien trois ans. Trois années de prises de bec sur le plateau, de dépassements de budget et remontages inquiétants. A l’arrivée, Babylon A.D. n’a rien de proprement honteux, mais il n’a rien d’extraordinaire. Techniquement très correct malgré quelques esclandres montées à la serpe, le dernier film de Kassovitz s’apparente facilement à une version bovine des Fils de l’Homme d’Alfonso Cuaron, ce qui lui aurait été moins préjudiciable s’il avait eu la chance d’être terminé avant.

On ne niera pas pour autant son efficacité de style (un Vin Diesel qui assure, des plans souvent magnifiques, des vannes percutantes) mais cette efficacité s’explique aussi par une tendance à verser dans le populaire facile et le recyclage fâcheux. Entre autres joyeusetés : le premier morceau du film est un rap sauvage, une scène (qui a le mérite d’être la seule) abuse du temps zéro, Toorop est pisté par un commando de Yamakazis et, comble du bonheur, une troupe de Français vient cachetonner comme à l’époque de Moonraker (logique pour une co-prod), avec une mention spéciale pour Gérard Depardieu en mafieux russe qui perd son accent en cours de route (mais essayez de rester concentré avec un sandwich en travers de la gorge).

Une efficacité souvent amusante à défaut d’être donc totalement immersive, d’autant que cette simplification apparente de l’intrigue impose parfois la lourdeur de passages obligés (moments intimes, remises en question ou trahisons ne sont jamais déroutants ni vraiment surprenants, à l’instar de la véritable nature de la cargaison de Toorop). Pas grave, on se contentera de ce qu’on a : un actioner d’anticipation simplet, qui a le mérite d’être le reflet amer de notre société actuelle. Si l’Humanité ne disparaît pas dans des guerres absurdes (voir les magnifiques plans aériens sur les « cicatrices » des pays de l’Est), ce sera sous le poids de la consommation excessive (New York n’est qu’un gigantesque centre commercial, et Coca possède sa propre compagnie aérienne) ! C’est logique, mais tellement pessimiste…

Arnaud PieraEnvoyer un message au rédacteur

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