AXIOM
La parole pour masquer la solitude
Berlin, en plein été. Julius, gardien dans un musée, part avec ses amis pour un week-end de voile sur un des lacs des environs. Sans demander l’avis aux autres, il a invité Erik, un nouveau venu à son travail, qui est en période d’essai pour six mois. Mais à peine garés, il s’aperçoit que personne n’a pris de gilet de sauvetage, et pique une crise devant tous ses amis…
"Axiom" est un film assez difficile d’accès. Non pas que le récit qu’il développe soit particulièrement compliquée, même au contraire, mais parce que des multiples histoires que raconte son personnage principal, qu’elles soient vraies ou fausses, le metteur en scène préfère ne donner aucune illustration, même imaginaire, positionnant ainsi le spectateur aux côtés des amis ou d’une conquête de celui-ci, dans l’incertitude de la moindre vérité. Car Julius occupe beaucoup de place, il a besoin de cela, peut être pour masquer le vide de son existence, peut être pour rendre le quotidien moins banal. D’une histoire de cannabis dans un champs de maïs à celle d’un homme nu dans la rue, jusqu’à une prétendue noblesse du côté de sa mère, ou le supposé accident de sa cousine censé justifier sa colère face à l’oublie des gilets de sauvetage, Julius a toujours une explication voire un avis sur tout (la religion, l’exploitation des gens…).
Mais cela n’en fait pas un personnage sympathique ou attachant, dans la première partie du métrage en tous cas, avant que ne se passe un événement particulier et que le titre du film apparaisse enfin, au bout de 47 minutes. Sa nervosité apparente va alors l’emmener dans la surenchère, mais le réalisateur fait alors du spectateur un complice malheureux, ses inventions achevant de faire du personnage une figure solitaire, en clair manque d’attention mais qui peine, malgré la qualité de jeu de Moritz von Treuenfels, à générer une véritable empathie. Et le film n’apparaît alors que la triste description d’un cercle vicieux dans lequel le personnage s’est lui-même enfermé, évitant malheureusement d’illustrer les potentiels accrochages avec un entourage pas si dupe, et entraînant donc avec lui un spectateur plus forcément si consentant.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur