AVENGERS : L’ÈRE D’ULTRON
Giga-partouze marvellisée, phase 2
Peut-on considérer que l’univers Marvel ne révèle sa richesse et son ambition qu’à partir du moment où ses figures maîtresses laissent de côté l’aventure en solo pour s’en donner à cœur joie dans l’esprit de groupe décomplexé et la mise en commun de leurs talents super-héroïques ? Au vu d’un premier film "Avengers" furieusement cool et de cette réussite exceptionnelle qu’était "Les Gardiens de la Galaxie", on serait tenté de le revendiquer. Prototype idéal de la suite gourmande qui décuple son programme de base à tous les niveaux, "Avengers 2" entérine la règle en poussant la logique de son prédécesseur à la phase 2, avec de nouveaux enjeux, de nouvelles thématiques et de nouvelles recrues pour l’équipe chapeautée par Nick Fury. Cette fois-ci, un élément narratif prend le dessus sur une dizaine d’autres : le fantasque Tony Stark, vite désavoué par son équipe, se prend en pleine face les effets secondaires de ses expériences sur l’intelligence artificielle, et voit son prototype nommé Ultron acquérir soudain une autonomie qui en fait dès lors un terrible danger pour l’espèce humaine. L’heure est à la remise en question, au dépassement des limites, voire au sacrifice.
Très glouton, le scénario envoie donc du lourd en matière d’enjeux, et tente cette fois-ci de laisser de côté la pure mythologie – pas de Loki en guise de bad guy – au profit de thématiques plus actuelles, reliées à l’éternelle course à la technologie. Reste que la surenchère d’action et de sous-intrigues, aussi canalisée soit-elle, se frotte à un handicap difficile à esquiver : réussir à faire tenir une telle valise d’ambitions sur à peine 2h22 de pellicule. Mission impossible, pourrait-on dire, mais que Joss Whedon arrive à compenser au terme d’une stratégie de compression assez maline, laissant chaque composante du scénario se faire absorber par un montage ultra dynamique qui mise sur le rythme pour faire passer la pilule. Cela fonctionne, mais étant donné que certaines pistes narratives peinent à cacher leur simplification, nul doute qu’une heure de plus aurait été nécessaire pour aboutir à une structure en tous points parfaite. Si l’on en croit les rumeurs, le montage initial frôlait les trois heures, et il semblerait même qu’une version longue soit prévue pour l’exploitation du film en Blu-Ray. Wait and see, donc…
Pour le reste, rien à redire sur les composantes d’un spectacle en tous points grandiose, riche en plans-séquences qui filent le vertige et en scènes d’action qui repoussent parfois les limites de la destruction massive – on a quand même droit à une ville volante ! Contrairement à un Michael Bay qui n’en finit pas de faire gigoter sa caméra pour masquer la vacuité de sa mise en scène, Whedon prend soin de suivre l’action, de privilégier la fluidité, de perfectionner son découpage et de mettre en valeur chacun de ses personnages à travers des plans clairement iconiques. De cette manière, on profite clairement du spectacle proposé, quitte à perdre pas mal d’années pour revenir au stade de gosse émerveillé à force de jouer avec ses figurines – n’oublions pas que Whedon est un réalisateur très geek. Alors, certes, l’overdose de films de super-héros continue de se faire sentir, mais lorsqu’elle accouche de films aussi généreux et riches en humour (les punchlines se comptent ici par paquets de cent), on ne peut plus faire la fine bouche. Vous voulez du fun ? Vous savez donc quoi faire…
Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur