Festival Que du feu 2024 encart

AVÉ

Un film de Konstantin Bojanov

Tu crois vraiment tout ce qu’on te dit ?

Un matin au bord d’une route bulgare, alors que le jeune Kamen fait du stop pour le petit village de Roussé, Avé, une jeune fugueuse, l’aborde et lui impose sa compagnie. Avé est jolie, souriante, mais ne raconte pas un seul mot de vrai. De mensonges en supercheries, Kamen est excédé. Et pourtant, plus les jours passent, plus leurs liens se resserrent…

« Avé », c’est l'histoire de deux jeunes ados qui se croisent le temps d’un voyage. Alors que l’un, Kamen, sait où il va, Avé ne sait pas vraiment. Ou du moins c’est ce qu’elle veut nous faire croire. Car Avé ne manque pas de culot, elle ment à tout le monde et tout le temps, un sourire narquois accroché à ses lèvres. Au départ agacé par son comportement, Kamen va au fur et à mesure se fondre dans ses histoires et le spectateur aussi…

Sélectionné lors de la Semaine de la Critique à Cannes l’an dernier, ce premier film du réalisateur bulgare Konstantin Bojanov cumule depuis les sélections et prix, ce qui n’a rien pour nous étonner. Après un rapide portrait de la Bulgarie pauvre et délabrée, l’auteur quitte rapidement ce côté misérabiliste pour nous plonger dans une aventure humaine, une rêverie presque, aux couleurs légèrement désaturées. La scène d’amour, particulièrement bien réalisée, est éclairée tout en finesse, dans une lumière à la fois douce et tranchante comme le quotidien de ces deux êtres déracinés.

On peut voir ce film selon deux lectures très différentes et il ne faut pas s’y tromper. La première, froide comme la réalité, n’est sans doute pas la bonne car elle nous perd dans le spectacle triste d’une Bulgarie usée, de contextes familiaux difficiles en autres histoires glauques. La deuxième, celle du second degré, du détachement, est celle qui nous permet d’accéder à l’univers de l’auteur. Le personnage d’Avé, avec ses mensonges et ses histoires alambiquées, fait de la réalité une mascarade, et les situations au départ tristes et sombres en deviennent poétiques. Il y a un réel basculement au milieu du film, chose que traite son réalisateur du point de vue esthétique en travaillant sur l’image et la lumière. Plasticien de formation, Konstantin Bojanov fait un réel travail sur les couleurs, ce qui contribue, en plus d’un jeu des acteurs simple et engageant, à nous faire voyager le temps de leur rencontre.

Anne-Claire JaulinEnvoyer un message au rédacteur

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