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AVANT L'EFFONDREMENT

Se confronter à ses ultimes craintes

Tristan, militant et directeur de campagne d’une femme politique de gauche qui fustige l’inaction climatique des élus, vit en colocation avec Fanny, enseignante et auteure. Lorsque celui-ci reçoit une enveloppe avec dedans un test de grossesse positif, il panique, d’autant qu’il pourrait avoir hérité de la maladie dégénérative dont est morte sa mère. Il cherche du coup à savoir quelle est la femme qu’il a bien pu mettre enceinte…

Avant l'Effondrement film movie

"Avant l'Effondrement" est un film à part dans le paysage des productions françaises, à la fois tranchant dans ses aspects politiques et déroutant dans sa construction et ses parallèles. Il s’agit d’une œuvre plutôt désenchantée, qui incite ses personnages, autant que le spectateur, à se confronter à des notions qui ne lui plaisent pas forcément : le risque d’une maladie incurable et la perspective de sa propre mort, les conséquences du changement climatique et l’idée d’un changement de société contraignant. En mettant en parallèle le destin de l’humanité et celui du personnage de Tristan, interprété avec conviction par Niels Schneider, ce sont deux perspectives d’effondrement, éventuellement évitables, qui se meuvent en simultané.

Avec des plans surexposés pour signifier la chaleur implacable de la ville (« chaleur » étant d’ailleurs le titre du premier chapitre), et des compositions plus travaillées, aux teintes apaisantes pour les séquences à la campagne, autour d’une ferme de permaculture, le film oppose le monde de la politique et celui de l’action. Une opposition qui illustre d’ailleurs les attitudes éloignées des deux personnages féminins principaux, Fanny et Pablo, dont l’échange lors d’une longue scène de repas résonne, derrière la tension, comme d’autres scènes dans le film, à la manière d’une réflexion d’un monde de gauche sur son propre écartèlement. Politiquement marqué, "Avant l'Effondrement" dispose de qualités de construction et de jeu indéniables, usant ponctuellement de voix-off, laissant la place à d’inattendues explications (un flash-back sur l’enfance de Tristan, la professeure ou la médecin face caméra…), offrant quelques respirations dans l’instabilité grandissante. Si cet ensemble de partis pris donne au film une facture étrangement datée et crée une distance par moments déroutante, il permet de mieux interpeller, en invitant finalement à une forme de résilience collective ou individuelle, l’une existence étant plus que jamais ressentie comme menacée.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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