AUX MAINS DES HOMMES
Au nom du Père
Ce film aura mis deux ans depuis sa présentation cannoise, à Un certain regard, pour sortir dans les salles. Il faut dire qu’il aborde un sujet délicat, la religion, d’une manière relativement perturbante. En effet, à travers le personnage de Tore, la réalisatrice semble vouloir décrypter ce que pourrait être la vie (et la mort) d’un martyre aujourd’hui : dans l’expression de sa foi, dans l’amour qu’il porte à sa religion et les préceptes qu’il réussit à tenir malgré les épreuves, et dans l’espoir qui ne le quittera jamais. Il semble impossible de ne pas faire de parallèle entre sa vie et celle du Christ ou d’un Saint… alors que ce film est tiré d’une histoire vraie.
C’est là que le bas blesse. Alors qu’il serait facile de critiquer une pseudo interprétation biblique d’un martyre, la réalisatrice nous donne à voir la cruauté des hommes de nos jours. Et la bestialité que l’on écrit dans les livres d’histoire et dans les écrits religieux sont finalement toujours d’actualité, et parfois au coin de sa rue. Et comme souvent, cette violence est dirigée envers des personnes un peu naïves ou fragiles. Ici, la candeur du personnage se reflète autant dans sa gentillesse que dans sa blondeur, son teint pale, ses yeux bleus ou sa maigreur. Une personnification de l’innocence, qui sera opposé à la noirceur du cœur d’un homme, Benno.
Il faut avoir le cœur bien accroché pour tenir pendant 1h50, sans détourner le regard de la souffrance qui est infligé à Tore : sadisme, insultes, humiliation, torture, mutilation... "Aux mains des hommes" est un film coup de poing, d’une rare intensité et extrêmement perturbant.
Véronique LopesEnvoyer un message au rédacteur