AU PRIX DU SANG
La guerre civile vue du mauvais coté
A la demande de son éditeur, un auteur accepte de retourner en Espagne pour écrire un livre sur Jose Maria Escriva de Balaguer, fondateur de l’ordre de l’Opus Dei. Durant ses recherches, il se rend compte que l’un des hommes qui l’a connu était son propre père. Faché avec celui-ci depuis des années, il hésite à se rendre à son chevet…
Roland Joffé (« The mission ») nous revient avec un récit tout en flash-backs, contant pour une fois la guerre civile espagnole uniquement du coté de l'oppresseur, au travers du double portrait, d'un prêtre refusant de prendre partie, et d'un traître, infiltré parmi les troupes républicaines. Les deux étaient ami à un moment de leur jeunesse et se retrouveront plus tard, liés par les événements, au cœur des Pyrénées. Le premier est un homme de Dieu, l'église collaborant amplement avec les franquistes, et se retrouve donc en danger de mort. Le second est un fils de patron, persuadé que les communistes ont tué son père à l'usure. Leurs destins croisés donnent lieu à un film certes instructif, mais peu passionnant, même s'il n'a cependant rien de manichéen.
Ainsi, le parcours du prêtre se résume à son refus de condamner les agissements des républicains et de cautionner toute forme de vengeance. Et le récit se limite finalement à décrire sa fuite vers Andorre, escorté par amis et famille. Le second, tombe totalement dans la démarche opposée, car animé par son seul désir de vengeance. A aucun moment ce dernier ne semble regretter ses gestes, égoïste jusqu'au bout, même après avoir découvert l'amour au cœur des troupes ennemies. L'empathie est donc bien difficile, malgré la révélation finale d'un lourd secret. On regrettera d'ailleurs que le personnage de la fille désirée ne soit qu'à peine esquissé. Reste au final une distribution mêlant acteurs anglophone (Wes Bentley - « American beauty ») et espagnols (Unax Ugalde, Jordi Mollá), de plutôt bonne tenue.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur