AU NOM DE LA PAIX
Un documentaire dont le classicisme n’entache pas le propos
Le Soudan du Sud est le plus jeune pays du monde, indépendant seulement depuis 2011. Mais depuis, le pays est en proie à de terribles conflits. Au milieu de ces combats, une nouvelle génération refuse ce constat et semble prête à faire changer les choses…
À l’exception des plus férus de géopolitique, il est fort probable que la situation du Soudan du Sud ne vous soit pas familière, souvent résumée par quelques lignes dans les brèves des pages internationales de votre journal favori. Le plus jeune État du monde, indépendant depuis un peu plus de dix ans, est l’épicentre de nombreux conflits entre les différentes communautés peuplant le pays. Les frères d’hier sont aujourd’hui ennemis, réglant leurs comptes à coups de balles d’AK47, kidnappant les enfants ou pillant les villages et les troupeaux de leurs rivaux. Au cœur de ce chaos, une nouvelle génération a décidé de s’opposer à cet ordre établi, prête à élever sa voix pour faire entendre celle de la raison, un discours de paix pour panser enfin ces plaies d’un quotidien devenu insupportable.
Le documentaire, produit par Forest Whitaker, va se focaliser sur un duo de protagonistes : Gatjang, un jeune homme arbitre de football dans un camps de réfugiés, et Nandege, activiste engagée de l’ONG créée par le comédien américain. En parallèle, la caméra dresse le portrait et le rôle essentiel de ces deux « héros ordinaires », lui à enseigner les valeurs de respect et de camaraderie inhérentes au sport, le loisir comme medium pour éduquer une population à aimer ses adversaires et à propager la tolérance, elle comme porte-parole d’une sagesse indispensable, promouvant la paix pour permettre aux Didinga et aux Logir de vivre à nouveau ensemble face à un environnement dont les ressources ne cessent de s’épuiser.
Bercé par la voix-off de la jeune femme, le métrage a trop tendance à se contenter de ses propres explications, limitant son ambition cinématographique à la simple description d’une lutte grandement ignorée en dehors des frontières de la zone géographique concernée. Si "Au Nom de la paix" permet ainsi de mettre la lumière sur le travail de nombreux locaux pour arrêter ce drame, on pourra regretter le choix maladroit de la double hagiographie, créant un déséquilibre entre la charismatique humanitaire, militante courageuse dont les mots s’élèvent aussi bien contre les combats armés qu’en opposition au patriarcat, et l’éducateur plus réservé, dont la mission peut apparaître plus anecdotique, alors qu’ô combien essentielle. Peu importe ces défauts et son didactisme appuyé, le film vaut largement le coup d’œil.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur