AU FIL D'ARIANE
Une comédie à l’air méditerranéen réjouissante mais trop longue
Le jour de son anniversaire, Ariane avait préparé un superbe gâteau pour recevoir ses amis et sa famille. Malheureusement, un à un, ceux-ci annulent et voila qu’elle se retrouve seule avec sa pâtisserie. Vexée, elle part alors dans un voyage qui va profondément changer sa vie…
Après son drame intimiste et humaniste "Les Neiges du Kilimandjaro", Robert Guédiguian retrouve ses acteurs fétiches et ce Sud qu’il aime tant filmer. Modeste et généreuse, cette nouvelle collaboration avec sa muse et épouse, Ariane Ascaride, est de l’aveu même du cinéaste une « fantaisie », un cadeau qu’il voulait lui faire. Parenthèse amusante avant de s’attaquer au génocide arménien dans son prochain film, "Au fil d’Ariane" est une douce chronique d’une femme esseulée et délaissée par sa famille le jour de son anniversaire. Débutant par une modélisation 3D de la réalité, le métrage est à cette image, le reflet d’un réel fantasmé.
Durant son épopée fantasque, la belle Ariane va croiser des personnages hauts en couleur, du restaurateur fan de Jean Ferrat au grand-père poète qui se pense anglais, en passant par une tortue qui parle et un chauffeur de taxi complètement déjanté. Et c’est précisément cet univers déluré où tout semble possible qui fait la force du film. Comme l’Ariane mythologique, le personnage va guider ses amis dans leurs quêtes farfelues où l’humour triomphe toujours. Il n’est pas question de chercher une quelconque cohérence à leurs agissements, il s’agit simplement d’apprécier le divertissement qui nous est proposé. À cet égard, de nombreux gags font mouche, notamment grâce aux répliques magnifiquement écrites.
Néanmoins, si l’enchantement opère, cette escapade burlesque aurait certainement gagné en qualité si elle avait été plus concise. Car cette comédie sensible voit sa folie inhiber par les lenteurs scénaristiques, les sketchs étant tellement étirés qu’ils finissent par en perdre leur effet. Malgré ces défauts, "Au fil d’Arianne" est un film à part, au ton rafraîchissant, et sur lequel souffle un véritable vent de liberté créative. Robert Guédiguian réussit parfaitement sa farce lyrique, nouvelle déclaration d’amour à sa muse. Si on accepte ce voyage abracadabrantesque, il est fort à parier que l’aventure sera des plus plaisantes. À nous de nous laisser embarquer !
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur