ATLAS
Hélas plutôt qu’Atlas
En 2043, un humanoïde doté d’intelligence artificielle, Harlan, développe suffisamment d’autonomie pour s’opposer aux êtres humains et parvient à créer une armée avec ses semblables, ce qui provoque un conflit planétaire. Une coalition mondiale permet aux humains de prendre l’ascendant et les dernières « IA terroristes » s’enfuient à bord d’une fusée vers une destination inconnue, mais Harlan promet qu’il reviendra. C’est ainsi que, 28 ans plus tard, l’humanité est à nouveau en péril. Atlas Shepherd, scientifique viscéralement opposée à l’intelligence artificielle, est appelée à la rescousse…
Sortie le 24 mai 2024 sur Netflix
Les robots humanoïdes pouvant être produits à la chaîne, il est possible qu’ils se ressemblent tous. Malheureusement, on a l’impression de pouvoir appliquer le même constat aux productions de science-fiction, et cet "Atlas" s’ajoute donc à la longue liste des longs métrages que l’on oubliera rapidement, car il ne parvient pas à sortir suffisamment du lot. Pourtant, même si le manque d’originalité est globalement palpable, tout n’était pas perdu d’avance, car le film ne manque pas d’atouts, ne serait-ce que pour la qualité de ses effets spéciaux ou pour son personnage principal, à qui Jennifer Lopez apporte suffisamment de nervosité et de pugnacité pour qu’on accepte de croire en ses traumatismes, en son intransigeance et en son asociabilité.
Mais la montagne à franchir est titanesque pour qu’"Atlas" trouve sa place au côté des mythes cinématographiques préexistants (dont "Blade Runner", évidemment) ou même face à des œuvres trop récentes pour être qualifiés de patrimoniales (citons, dans deux registres différents, les excellents "Ex machina" et "Les Mitchell contre les machines") voire des films plus imparfaits (comme "I, Robot"). Brad Peyton est rodé aux blockbusters qui en mettent plein la vue et dont l'intérêt est limité ("San Andreas", "Rampage"...) et les meilleurs aspects de son nouveau long métrage ont parfois un air de déjà-vu : les robots IA en symbiose avec les soldats donnent l'impression d'un mélange entre "Pacific Rim" et "District 9", et le principe d’une scientifique considérée comme la seule capable d’entrer dans le cerveau du « méchant » n’est pas sans rappeler un précédent personnage SF incarné par Jennifer Lopez elle-même dans le baroque "The Cell".
Si les trois quarts du film se regardent sans déplaisir, la dernière partie est bien trop clichée et mièvre, ce qui fera décrocher les spectateurs ayant réussi à faire preuve de bienveillance jusque-là (dont l’auteur de ces lignes). Il devient alors flagrant que les efforts se sont trop portés sur les effets visuels, délaissant des éléments potentiellement plus enrichissants, comme un meilleur développement des personnages (il semble contradictoire que l’IA Smith soit à la fois le plus émouvant et le plus drôle dans un film qui ambitionne de questionner les limites de ces technologies !) ou encore l’exploitation de la symbolique des échecs, qui aurait gagné à être traitée avec plus de finesse.
Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur