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ATLANTIQUE

Un film de Mati Diop

Une envoûtante et poétique évocation d’un exil forcé

Dans la banlieue de Dakar, des ouvriers de chantiers sont en colère. Ils n’ont pas été payés depuis 3 mois. Souleiman, l’un d’entre eux, n’ose pas dire à celle qu’il aime, Ada, promise à un autre homme, Omar, qu’il va tenter la traversée, pour trouver un avenir meilleur. Peu de temps après, alors qu’Ada fait le mur pour aller à une soirée, elle apprend le départ en mer des garçons…

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Le premier long métrage de Mati Diop, choisi de longue date pour la section Un certain regard du Festival de Cannes, a finalement eu les honneurs de la compétition. Un choix judicieux, autant de par l’émotion que le film a pu susciter sur la Croisette, que du fait qu’il remportera quelques jours après sa présentation, un Grand Prix fort mérité.

Au travers du départ d'un ouvrier de chantier exploité, tentant avec ses camarades de rallier en pirogue l'Espagne, c'est à la vision des migrants du côté du pays d'origine que s'intéresse la réalisatrice. Un changement de point de vue bienvenu, après "Styx" ou le documentaire "Fuocoammare", qui permet de faire apparaître d'autres enjeux plus personnels, doublés d'un fond social et poétique, tout en conservant la tradition d'une expression orale au travers de plans fixes sur la mer, avec des dialogues en voix-off.

S’ouvrant sur un chantier démesuré, où la poussière et le bruit règne, le film installe d’emblée un contraste avec les moments qui réunissent les deux amoureux, en bord de mer, au calme. Cette mer, immuable et récurrente au fil du récit, comme un lien invisible entre les deux amants, et qui clôturera le métrage. Entre fantastique, description d’une pression sociale, et incrimination des hommes d’affaires comme des policiers locaux, le film fait preuve d’une profonde poésie et amorce un renouvellement du cinéma africain tout en intégrant une certaine tradition Tout en provoquant au final une réelle émotion.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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