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L'ARTISTE

L’art et le silence

Jorge Ramirez travaille dans un service de pédiatrie et reçoit un vieil homme chez lui, souffrant d’une forme d’autisme. Il se met à proposer à des galeries des toiles abstraites qui ne tardent pas à faire un tabac. Chaque fois qu’il est interviewé, Jorge, ne sachant quoi dire, répond par un silence, et renforce l’admiration que tous ont pour lui. Son secret est que les toiles ne sont pas de lui…

Le film est assez lent et procède d’une mise en scène qui rappelle très vaguement « Le discours d’un roi » avec ses cadres complètement décentrés. Cela séduit un temps, le héros se laissant porter par son succès imprévu et les réalisateurs donnant ainsi l’impression de le contempler d’un oeil un peu désabusé, à la fois cynique et bienveillant. Le discours (du film cette fois-ci) sur la réussite dans les milieux artistiques est on ne peut plus croustillant et grinçant au vu de ce qu’il en est réellement. Cette usurpation d’identité et de talent est donc bien vue et les réalisateurs s’en tirent plutôt efficacement. Car ils ne se contentent pas d’infirmer une usurpation d’identité, mais ils vont critiquer le succès même de ces dessins, que l’on suppose être de simples gribouillages, et la façon dont le milieu de l’art réagit à l’absence de certains commentaires.

Cependant ce que l’on prenait, dans ces cadrages décalés et cet immobilisme total, pour un culot artistique peu habituel, finit par lasser. Le découpage est répétitif, parfois systématique, notamment lors des moments où le vieil homme peint, toujours rigoureusement cadré de la même manière, et l’on est au final plus agacé qu’autre chose. La mise en scène doit soutenir le scénario, et en restant la même, elle insinue que le propos ne change pas. Or l’évolution du récit est la base de toute histoire. La faiblesse des moyens de production en est peut-être une raison, mais l’absence de soin sur d’autres éléments tels que la photographie nous rappelle cruellement que tous les metteurs en scène faisant du cinéma ne prétendent pas faire de l’art… On en ressort amusé, mais déçu cinématographiquement parlant.

Ivan ChaslotEnvoyer un message au rédacteur

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