ARRIETTY, LE PETIT MONDE DES CHAPARDEURS
Le charme sans la vraie magie
Vous ne serez pas surpris, en découvrant le pitch d' « Arrietty », si vous reviens en mémoire un film des années 90 avec John Goodman en créature miniature. Car en effet, le dessin animé de Hiromasa Yonebayashi n'est autre qu'une nouvelle adaptation, par Hayao Miyazaki lui-même, du roman « Les chapardeurs » (The borrowers) de 1952. Son auteur, Mary Norton a même signé une série de 6 livres concernant ces personnages miniatures, le tout entre 1952 et 1982. En France, l'ensemble des livres n'a fait l'objet d'une traduction qu'entre 1979 et 1984. Coté cinéma, ces aventures ont inspiré beaucoup de monde, avec des téléfilms anglais, en 1973 et au début des années 90, ce jusqu'au fameux « Le Petit Monde des Borrowers », réalisé par Peter Hewitt, en 1997.
C'est aujourd'hui le maître de l'animation japonaise qui s'empare du roman et le transpose au Japon, en un temps de crise où l'amitié, l'entraide et le partage sont certes des valeurs à promouvoir, mais qu'il utilise pour afficher son message écolo, devenu tellement explicite qu'il en est aujourd'hui agaçant. Il arrive ainsi par quelques dialogues sur le changement climatique, à gâcher l'une des plus jolies scènes du films, lorsque Sho allongé dans l'herbe, discute avec Arrietty et peut la regarder pour la première fois. Certes toute la phase de découverte du mode de vie de ces petits personnages, qui chapardent aux humains de quoi vivre (l'excursion pour aller chercher du sucre dans la cuisine devrait impressionner les plus petits) est remarquablement bien construite. Et les personnages du père comme de la mère (fée du logie - femme au foyer, nous sommes dans un roman des années 50) sont fortement attachants.
Mais on se passionnera beaucoup moins pour la suite des aventures de cette famille en voie d'extinction, avec leur lutte pour ne pas finir en captivité, ce que souhaiteraient une partie des humains, dans leur fascination-répulsion pour toutes bestioles inconnues. Au passage, la représentation de la cuisine « moderne » comme des salons à la française paraît tellement désuète comme image du luxe et de la modernité, que l'on en vient à trouver beaucoup plus charmant les intérieurs chaotique qu'ont bricolés eux mêmes les chapardeurs. Mais si l'on lit entre les lignes, il s'agit peut-être là d'un message sous-jacent sur l'inutilité de l'accumulation des biens et l'absence de lien entre possession, modernisme et bonheur. A moins que j'ai un peu trop d'imagination... Au final, le film dégage malgré tout un certain charme, par ses décors champêtres, par sa nostalgie qui plane, par les dangers inhérents, par la peinture de personnages pour la plupart bienveillants. Et les fans y trouveront nombre d'évocations d'autres films (l'enfant malade qui remplace la mère de « Mon voisin Totoro », l'arrivée en voiture dans le chemin de « Le voyage de Chihiro », le garçon sauvage et timide de « Conan le fils du futur » ou « Le château dans le ciel »...), avec plaisir ou avec l'impression qu'on rabâche un peu.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur