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ARRÊTEZ-MOI LA

Un film de Gilles Bannier

Une spirale judiciaire kafkaïenne

Samson est un chauffeur de taxi épris de son chat. Il ne s'en sépare jamais. À l'issue d'une journée de travail plutôt ordinaire, la police vient le trouver chez lui pour l'emmener au commissariat afin qu'il réponde à des questions en qualité de témoin sur une affaire en cours. Après un contrôle ADN de routine, il se voit mettre en garde en vue. Douze points de concordance avec son ADN sur le lieu du crime auraient été trouvés...

Il y a quelque-chose d'angoissant dans le premier film de Gilles Bannier, portrait d'un homme ordinaire, sans histoire et même plutôt serviable et aimable, qui se voit embarqué du jour au lendemain et pris dans les rouages d'une erreur judiciaire. À l'instar de Vincent Garenq avec son "Présumé Coupable", le réalisateur de séries Canal Plus, telles "Engrenage" et "Tunnel", parvient à procurer ce sentiment d'insécurité envers notre propre appareil judiciaire et juridictionnel. Car "Ça pourrait arriver à tous" apparaît ici comme un effrayant leitmotiv.

Reda Kateb offre une fois de plus une interprétation toute en justesse et nous rapproche de ce Samson aimable et apprécié de sa voisine, qui refuse de renoncer à son indépendance pour vivre avec sa petite-amie. Un élément qui sera d'ailleurs à charge contre lui dans une affaire de mœurs que la police a pris soin de boucler au plus vite tant elle a suscité remouds et indignation au sein de l'opinion public. S'inspirant du roman éponyme de l'auteur écossais Ian Levison, Gilles Bannier n'oublie rien et égratigne l'ensemble de l'entourage de Samson, de sa petite amie qui doute, à l'avocate "au sens aiguisé du business", en passant par celui commis d'office interprété par un Gilles Drucker tout à fait irrésistible.

On pourrait trouver cette galerie de personnages trop manichéenne voire clichée. Toujours est-il que le propos fonctionne et l'ensemble du casting reste assez convaincant pour faire oublier ce travers, qui apparaît finalement nécessaire au long métrage afin de conserver son rythme. Car ce qui est intéressant avec "Arrêtez-moi là", c'est qu'il nous montre également l'après procès et le traumatisme d'un enfermement immérité. On regrettera simplement que le film se termine aussi rapidement alors qu'il aurait été intéressant de voir se clore des axes narratifs intéressants.

Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur

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