APPELEZ-MOI DAVE
Pas si « nulle »
Avouons-le, le pitch du nouveau Eddie Murphy était des plus inquiétants. Pourtant, au final, le résultat n'est pas si « nulle », du nom de la planète d'où sont sensés venir ces minis être humains, pour lesquels tout sentiment (même l'amour) reste une inconnue, lointaine de leur préoccupations sérieuses et scientifiques. Certes la découverte d'un monde et de la communication avec ses habitants n'est pas une nouveauté. Le principe du décalage a maintes fois été utilisé de « Tarzan » à « Human nature » de Michel Gondry. Mais ici cela donne quelques bonnes surprises, matinées des grimaces exagérées mais qui font souvent mouches, d'un Eddy Murphy au visage crispé et élastique. De la scène où notre robot prend le ketchup pour une boisson, le chat pour un redoutable fauve auquel il assène un coup de pied défensif, à l'encyclopédie sur les Bee Gees (imitation en prime), en passant par le choix d'un nom parmi les plus courants dans le monde (Ming Tchang, tout à fait approprié pour un noir), le dispositif fonctionne plutôt bien.
Mais sorti de cela, les choses se gâtent, et il ne reste que quelques blagues basiques comme la double poignée de main avec le voisin... qui sur la longueur, finissent par être drôles. Le reste n'est que lourdes allusions au fonctionnement du « corps-humain-vaisseau » (ah ! la réplique sur la fuite de gaz, silencieuse, mais pas nocive...) quand ça ne vire pas au pur pipi caca (« mon colon est barré »). Le summum du ridicule est atteint des slogans publicitaires (un « Bienvenue chez » telle marque, étant pris pour le salut quotidien) ou lorsque certains membres du vaisseau se laissent aller au rythme du rap ou à s'habiller gay... Bref, heureusement qu'il y d'autres films qui parlent de la complexité de l'être humain, capable de générosité et d'amour, et donc loin d'être un robot. « Appelez-moi Dave » aurait mieux fait d'en rester au pure divertissement.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur