APACHES
Un chaos trop organisé
Paris, dans les années 1900. La capitale est à la merci de gangs ultra-violents. Pour venger la mort de son frère, Billie intègre elle-même une de ces bandes pour mieux les détruire de l’intérieur. Plus elle côtoie l’homme qu’elle compte abattre, plus ses intentions se troublent…
S’il y a un jeune réalisateur hexagonal qui n’a pas peur d’oser, c’est bien Romain Quirot. Après un premier film de science-fiction made-in-France, "Le Dernier Voyage", sorti entre deux confinements, le revoici toujours avec ses ambitions hollywoodiennes de chez nous, pour s’attaquer cette-fois à un autre genre iconique : le western urbain. Pour contextualiser, "Apaches", c’est un peu "Moulin rouge" qui croise le style de Tarantino. Car de ce Paris de la belle époque, aux couleurs de cartes postales, le cinéaste en garde surtout un terrain fertile à de la bonne grosse castagne, généreuse en hémoglobine.
Si peu le savent, le métrage s’appuie sur une histoire vraie, celle de gangs qui martyrisaient Paris au début du XXe siècle. Dans cette capitale hostile, Billie va vouloir se frayer un chemin et se faire un nom au sein de ces bandes avides de violence. Mais ses raisons ne sont pas celles auxquelles on pourrait s’attendre : elle veut venger son compagnon de route de toujours, celui en qui elle avait trouvé un frère. Et pour se faire, elle compte bien abattre l’homme qui lui a ôté la vie. Vous l’aurez compris, Causette débarque dans "Gangs of New-York", et elle n’est pas là pour pleurnicher. Néanmoins, ne faisons pas durer le suspense : jamais ce projet original ne parviendra à se hisser à la hauteur de ses promesses, la faute à des lacunes d’écriture qui condamnent l’ensemble à être plus proche d’un grand spectacle de parc d’attraction que d’un véritable film.
Si de réels efforts sont faits sur la mise en scène, avec un sur-esthétisme appuyé et assumé, il faudra accepter de très grosses ficelles scénaristiques pour se laisser embarquer dans cet univers pourtant très riche. Oui, on peut trouver très charmant l’assassin de son frère et se dire qu’au fond, un petit bisou, ça aide à pardonner. Oui, on peut être un très grand méchant et commettre des erreurs dignes d’un enfant de dix ans. C’est dommage, car cela finit par donner une drôle de tonalité au métrage, comme si tout était trop beau, trop artificiel pour nous faire oublier l’équipe de tournage autour. Avec ses inspirations mal digérées, "Apaches" s’avère une petite déception, précisément parce qu’on en attendait beaucoup. Et c’est déjà une réussite : en deux films, Romain Quirot s’est imposé comme un réalisateur dont on se languit de découvrir les prises de risques cinématographiques. On espère que la prochaine sera pleinement payante.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur