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ANTI-GAS SKIN

Un film de Gok Kim, Sun Kim

Une vision du phénomène serial killer plutôt bien vue, pour un thriller déroutant

Séoul. Un mystérieux tueur au masque à gaz est recherché. Il s'attaque toujours aux gens habillés en bleu. Une jeune fille au système pileux détraqué, ayant le visage entièrement poilu, est persuadée d'avoir été violée par lui. Un coréen, flic le jour, s'entraîne à être un super-héros du quotidien et voudrait bien arrêter l'homme en question. Un homme blanc au crâne rasé, issu de l'US army, se rend aux bains...

Dernier film présenté dans la section Horizons du Festival de Venise 2010, "Anti-Gas skin" de Kim sun et Kim Gok est un thriller qui démarrait plutôt bien. Dans les rues de Séoul, un tueur au masque à gaz sévit régulièrement, provoquant la psychose, et ne s'attaquant qu'à des gens habillés en bleu ! Il fallait y penser ! De ce bon pitch de départ, doublé d'une galerie de personnages un peu barrés, mais dont l'inquiétude ou la volonté de retrouver le tueur sont plutôt bien retranscrites, et de la situation de l'action lors d'une journée d'élection, où le gagnant devrait être assassiné par le tueur, il y avait suffisamment de matière pour construire une intrigue captivante. L'idée était réellement originale, et pouvait donner lieu à une satire politique en second plan. Malheureusement, le scénario se perd en d'interminables scènes de poursuite ou de face à face, démultipliant les fausses pistes, et aboutissant à une fin totalement obscure.

Il y a cependant dans "Anti-gas skin" une chose passionnante. Il s'agit de la mise en place de chacun des personnages gravitant autour de ce serial killer. Cette faune au sens propre, traduit bien la fascination médiatique qui s'exerce aujourd'hui pour ce genre d'anti-héros, capable d'échapper à la police. Il y a ceux qui sont en deuil et qui rêvent parfois de vengeance (ici le soldat), ceux qui idolâtrent le tueur (comme les fans en survet bleu, qui veulent communier avec lui ou se faire tuer lors du fameux D-day), il y a ceux qui fantasment (souvent les mêmes, comme la fille à barbe), il y a les copy-cat (ceux qui portent des masques et voudraient ressembler à leur héros), ceux qui voient des tueurs partout (les paranos qui manifestent un peu partout en portant eux aussi des masques à gaz) et puis il y a ceux qui se prennent pour des super-héros (et pensent être les seuls à pouvoir l'arrêter...) et qui prennent donc des risques.

Toute cette population aurait pu être donner lieu à une étude de mœurs assez fine si les réalisateurs avaient disposé d'un casting à la hauteur, capable de nous faire croire en chacun d'entre eux. Ça n'est malheureusement pas le cas. Et les scènes s'alignent, dans un joyeux et inquiétant désordre. Les signes d'une inquiétude galopante s'accumulent, comme la femme du futur président qui tremble à l'idée de mettre son propre bulletin dans l'urne, la mère du flic qui dort derrière son paravent (mais dort-elle vraiment ?)... aussi vite oubliés que les craintes réelles de terrorisme auxquelles fait allusion la fin du film; aussi vite désamorcées par des choix de mise en scène incongrus, comme lors du très long passage à l'église, avec la chanson « my darling Clementine » au piano. On croit rêver... alors qu'on aurait voulu continuer à cauchemarder.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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