ANOTHER SILENCE
Another revenge
Marie est une policière canadienne et une mère de famille comblée. Elle a un beau mari et un bel enfant, tous deux fans de hockey, et qui ont prévu d’aller voir un match ce soir. Sur le chemin, ils sont brutalement assassinés par des individus embarqués à bord d’un gros 4×4 noir. Atterrée par cette tragédie, Marie cherche vite à se venger et grâce à ses contacts, obtient rapidement le nom du coupable qui a pris la fuite vers l’Argentine…
Le thème de la vengeance, c’est un peu du pain béni pour les scénaristes. Car il y a toujours possibilité d'inventer un protagoniste vivant sa parfaite petite vie de rêve américain jusqu’à ce qu’un vilain méchant ne s’en prenne à ses proches. Finalement, le sombre passé du héros paraissant pourtant, de prime à bord, bien tous tous rapports, resurgit. Vengeance aidant, celui-ci finit inévitablement par se transformer en véritable machine à tuer. Et une fois que l’empathie du spectateur est suscitée, c’est déjà une grande victoire.
Cette année, vous avez déjà pu vous coltiner « Colombiana », « Faster » ou « Hell Driver » avec leur coté très hollywoodien, et dans le haut du panier, « J'ai rencontré le diable », « Harry Brown » ou encore « Revenge ». « Another Silence » se situe péniblement entre deux extrêmes, naviguant à vue entre le film de vengeance à grosses ficelles et le film d’auteur introspectif. En effet, malgré une volonté évidente de s’attacher à l’élément humain du personnage qu'est Marie, dont l'unique objectif de vie se résume à présent à assassiner le meurtrier de sa famille, Santiago Amigorena n’évite pas les écueils de ce genre de production, multipliant les raccourcis scénaristiques douteux créant une pêche aux informations bien trop facile. Marie passe ainsi de flic aimante à machine à tuer en clin d’œil, et le réalisateur ne s'embarrasse pas à tenter de nous persuader de cet improbable revirement, hormis par une vague allusion à un passé mafieux.
Une fois la proie localisée en Argentine, le film se mue subitement en road-movie offrant de magnifiques paysages montagneux et une chasse à l’homme menée par une protagoniste plus déterminée que jamais. Le tueur bénéficiant systématiquement d’un temps d’avance, Marie mettra en œuvre tous les moyens nécessaires pour glaner des informations sans s'embarrasser avec une quelconque discrétion. Dans un pays qui lui est totalement inconnu, tirer à bout portant sur un individu, en pleine rue et en plein jour ne lui fait pas peur. De même, véritable planche à billets de cent dollars, elle parviendra d’un coup d’œil à repérer le bon officier à soudoyer, lors d’une scène assez improbable. Les événements s’enchaînent ainsi de manière téléphonées entre deux hébergements par la population locale. Il est, par ailleurs, dommage que ces occasions d’échange avec l’extérieur ne profitent pas au scénario, en donnant plus de volume à un personnage immuable et fermé qui ne construira jamais de lien avec son entourage, ni même avec le spectateur. Et malgré tous les efforts de Marie-Josée Croze, « Another Silence » ne demeurera qu’une histoire de vengeance de plus, sans grande saveur...
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur