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ANNIE COLÈRE

Un film de Blandine Lenoir

« C’est tout de même plus chouette de vivre quand on est désiré »

En 1974, Annie, une ouvrière déjà maman de deux enfants, est à nouveau enceinte. Alors que l’avortement est encore illégal, elle fait appel au MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception). Touchée par l’accueil et l’aide qu’elle a reçus, Annie se rapproche progressivement du mouvement…

Annie colère film movie

Déjà réalisatrice du film ouvertement féministe "Zouzou" (malheureusement décousu voire pénible), Blandine Lenoir s’empare ici d’un mouvement auquel elle rend un hommage mérité : le MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception, créé en 1973). Bien qu’on puisse lui reprocher de verser parfois un peu trop dans le didactisme, "Annie colère" est passionnant et émouvant de bout en bout, avec une sublime reconstitution de l’époque.

En suivant l’implication progressive de son personnage principal (une ouvrière, impeccablement incarné par Laure Calamy, qui a d’abord recours aux services du MLAC avant de devenir bénévole et militante), Blandine Lenoir fait aussi un double choix de tonalité : quasi intime d’une part, en filmant ses protagonistes au plus près pour que l’on capte leurs émotions et leur pugnacité, positif d’autre part, ce qui lui permet de montrer avant tout la solidarité, l’émulation collective ou la joie de ce mouvement. Même si le drame ou le machisme ne sont jamais loin, ils sont généralement relégués aux dialogues et au hors-champ, comme pour mieux les combattre en faisant mine de les ignorer et en se focalisant sur une sororité radieuse, sur l’espoir, ou encore sur les sympathisants masculins de cette lutte – sans toutefois oublier de les remettre à leur place quand il le faut !

Féministe jusqu’au bout des doigts (avec "L’Hymne du MLF" en générique de fin), "Annie colère" est l’expression d’une colère saine et constructive, qui vient nous rappeler qu’il ne faut jamais baisser la garde et que rien ne se gagne sans le collectif.

C’est aussi un plein d’émotions : évoquons la scène où Rosemary Standley – la chanteuse du groupe Moriarty – entonne "Les Enfants du Pirée" pour aider psychologiquement Annie durant son avortement, ou encore la tendresse dont Annie fait ensuite preuve vis-à-vis d’une jeune fille de 17 ans venue avorter (interprétée avec douceur par Elisa Lifshitz). Contrairement à d’autres films sur cette thématique, "Annie colère" n’est pas exempt d’humour, allégeant ainsi un propos qui aurait pu être morose.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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