ANNABELLE 2 : LA CRÉATION DU MAL
Essai transformé pour David F. Sandberg
Les Mullins sont des fabricants de poupées qui vivent avec leur fille Annabelle dans une petite ville au fin fond des États-Unis. Mais un jour la fillette meurt, renversée par une voiture. Après 12 ans de deuil, ils décident, pour redonner un peu de vie à leur grande maison, d’accueillir chez eux les pensionnaires d’un orphelinat de jeunes filles ayant été dévasté. Mais les nouvelles arrivantes sont bientôt les cibles d’une entité démoniaque restée cachée ici durant 12 ans, dans le corps d’une poupée que les Mullins ont nommée : Annabelle…
La revoilà ! Annabelle, la poupée aux œufs d'or de la Warner est de retour pour un deuxième film ! Comme son titre l'indique, Annabelle : La création du mal est en réalité un préquel d'"Annabelle" qui était lui-même un spin-off de "Conjuring : Les dossiers Warren". Autant dire qu'avec quatre films produits depuis 2013, New Line et Warner ont plutôt bien rentabilisé la franchise. Et ce n'est pas fini, puisqu'un second spin-off inspiré de "Conjuring 2 : Le cas Enfield" devrait sortir en 2018. Il relatera l'histoire de Valak, le démon/nonne de "Conjuring 2" et sera donc titré "The Nun". Simple, efficace, on ne change pas une équipe qui gagne.
Mais revenons-en à Annabelle. Le premier opus était acceptable, même si le manque de prise de risque de J.R. Leonetti concernant la mise en scène, était particulièrement agaçant par moments. Leonetti vient d'ailleurs de sortir un autre film, "I wish – Faites un vœu" dans lequel on retrouve les même écueils. Car l'américain est un technicien de formation, un directeur de la photographie plus exactement. Spécialiste des images il a la responsabilité du rendu visuel d'un film. À la grande différence de ce dernier, David F. Sandberg, à qui a été confié "Annabelle 2 : La création du mal", est un réalisateur à 100%. De plus, il s'est fait connaître grâce à un court-métrage réalisé avec les moyens du bord et diffusé sur YouTube : "Light Out". Il ne s'agit donc pas d'un faiseur, mais d'un vrai artiste ayant fait ses preuves auprès du public avant même d'être approché par une société de production. "Lights Out" a d'ailleurs été adapté en long-métrage en 2016 sous le titre "Dans le noir" par Sandberg lui-même. On retrouvait d'ailleurs un certain James Wan à la production, rien d'étonnant donc à ce que Sandberg se soit vu confié "Annabelle 2", sur lequel le réalisateur malaisien assure également la production.
Entrons à présent dans le vif du sujet. Le film commence par une scène de présentation de la famille Mullins lorsqu'Annabelle était encore en vie. On est témoin de la mort de la fillette avant une ellipse qui nous emmène jusqu'à l'arrivée des orphelines, 12 ans plus tard. Lorsque ces dernières entrent en scène, les Mullins deviennent des personnages secondaires. On découvre la maison via ce que Mr. Mullins montre aux filles et c’est aussi avec elles que le démon se manifeste. C’est particulièrement le cas avec la petite Janice, interprétée par la prometteuse Talitha Bateman. L’ajout de ce prologue où l’on peut voir Annabelle Mullins, la petite fille qui a donné son nom à la saga, est un intelligent choix de narration. Il confère un réel intérêt à ce préquel, ce qui n’est pas toujours le cas, en particulier dans le cinéma de genre. La promesse du titre est respectée, on découvre bel et bien comment la poupée maléfique a été créée avant de terroriser des millions de spectateurs. Signe supplémentaire du lien qu’a voulu tisser Sandberg avec les origines de cette saga, le caméo de la véritable poupée Annabelle, celle que les Warren gardent précieusement chez eux derrière une vitrine. En réalité, il ne s’agit pas de la poupée originale, mais du même modèle, une poupée de la marque Raggedy Ann qui est offerte à Janice par le couple qui va l’adopter tout à la fin du film après qu’elle a été possédée et se soit enfuie. De plus, cette adoption permet à Sandberg de finir son film par une boucle avec le début d’"Annabelle", une référence elle aussi très intéressante. Un clin d’œil qui montre encore une fois que ce deuxième opus a été réalisé par des gens qui apprécient l’univers d’Annabelle, mais surtout, par des gens qui savent faire du cinéma.
David F. Sandberg confirme ainsi qu'il est un réalisateur de grand talent, comme "Dans le noir" nous l'avait laissé entrevoir. Contrairement au premier volet, "Annabelle 2 : La création du mal" est quasi irréprochable techniquement. Les raccords sont soignés, les plans sont bien découpés, bref, c'est très agréable à regarder. Et dans le fond, le principal souci du film n'en est pas vraiment un. En effet, lors des moments de tension, un œil entraîné remarquera vite les portions de champ réservées aux phénomènes paranormaux à l'arrière-plan. Pour être plus clair, le côté "académique" avec lequel Sandberg filme certaines scènes de tension les rend un peu trop lisibles pour un amateur d'épouvante. On sait vite où le démon va se manifester, via quel objet, etc. Mais peut-on vraiment reprocher cela au réalisateur suédois ? Pas vraiment. Car la franchise "Conjuring" est très grand public, et si guider un peu le spectateur permet de démocratiser le genre, alors pourquoi pas ?
De par son côté très commercial, "Annabelle 2 : la création du mal" ne partait pas gagnant auprès des puristes. Mais finalement, David F. Sandberg a fait montre de tout son talent pour nous proposer un long-métrage qui contentera les novices tout comme les spectateurs rodés au cinéma de genre. Après "Dans le noir", le réalisateur suédois se devait de confirmer : c'est désormais chose faite.
Adrien VerotEnvoyer un message au rédacteur