ANA, MON AMOUR
Une subtile chronique de l'interdépendance amoureuse
Le réalisateur roumain Călin Peter Netzer, gagnant de l'Ours d'or en 2013 avec "Mère et Fils", récit de corruption approchant une bourgeoisie se sentant intouchable, est reparti cette année du Festival de Berlin avec le prix de la contribution artistique pour le montage de son nouveau film. Il faut dire que "Ana, mon amour" est une remarquable histoire de couple, sur fond de dépression, à la construction particulièrement intéressante, permettant de mettre en évidence les souffrances et désirs, non seulement de la personne malade, mais aussi de l'autre conjoint.
Disséquant les rapports internes du couple, dont la femme est sujette à des crises de panique récurrentes, le film est dans un premier temps l'occasion de donner à voir l'influence des deux familles, et au travers d'elles les frictions liées à la religion, aux origines, ou au rang social. Puis, entre apparition de séances de psychanalyse, scènes de tendresse disséminées au compte-goutte et conséquences de l'arrêt d'un traitement, le discours se fait plus dur, secouant quelque peu le spectateur.
Si l'on peut bien entendu voir dans cette histoire une nouvelle parabole politique, représentant l'évolution des rapports entre l’État et les citoyens roumains avec la disparition du régime communiste, l'analyse de l'interdépendance des deux êtres (formidablement interprétés par le duo crédible composé de Diana Cavallioti et Mircea Postelnicu) prend tout son sens au travers du malin montage du film.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur