L'AMOUR ET RIEN D'AUTRE
Une romance sans aucune passion
Si le cinéma a toujours aimé traiter le deuil, on constate depuis un certain temps une accentuation de cette tendance (pour preuve les « Extrêmement fort et incroyablement près », « L’oiseau », « La délicatesse », « Two Gates of Sleep », « Americano » etc…tous sortis ces quatre derniers mois). C’est dans ce mouvement qu’a décidé de s’inscrire Jan Schomburg pour sa première réalisation. Passé par la case courts-métrages et téléfilms, il peaufina pendant plusieurs années le scénario à l’origine de ce long-métrage. Une fois enfanté, son bébé filmique sera présenté dans plusieurs festivals, notamment au festival de Berlin dans la sélection « Panorama », en 2011, mais aussi dans quelques festivals français comme les Festival d’Annonay ou de Saint-Jean-de-Luz. Pour autant, parler d’une réussite pour ce premier exercice tiendrait plutôt de l’ironie.
Certes, le sujet choisi témoigne d’une certaine témérité, plusieurs réalisateurs s’étant cassé les dents sur un tel thème (cf Peter Jackon pour « Lovely Bones ») et la facilité n’était donc pas de rigueur pour ce premier film. En effet, le réalisateur a choisi comme sujet la reconstruction d’une femme, Martha (Sandra Hüller), après la mort soudaine de son mari. Cette dernière se rend compte alors, stupéfaite et endeuillée, qu’elle vivait dans le mensonge depuis des années, ignorant les secrets et les travers de son mari. C’est alors qu’elle rencontre Alexander (Georg Friedrich), bellâtre et accessoirement sosie de son ancien mari. Elle va alors projeter son amour sur cet homme et décider de vivre la vie qu’elle aurait dû avoir. Courageux le réalisateur, on vous dit ! Talentueux ? Rien n’est moins sûr.
Malheureusement pour le spectateur, le film tombe vite dans l’écueil des bons sentiments et des clichés. Malgré un casting tout à fait à la hauteur, la mise en scène pâtît d’une sobriété accrue qui se transforme rapidement en de la simplicité. Or, l’histoire ne se suffit pas à elle-même, transpirant de bons sentiments et d’éloges de l’amour éternel, le spectateur n’est finalement qu’agacé par l’odeur nauséabonde qui se dégage. Simple témoin de l’action, la caméra n’apporte aucune originalité dans ce film poussiéreux. Toutefois, tout n’est pas de l’ordre de l’échec. En effet, personnage instable, écorchée vive, Martha, par sa complexité, constitue la seule part de réussite dans ce film. Néanmoins, le réalisateur va encore une fois tomber dans la caricature, en particulier dans la scène où celle-ci explose de colère à cause d’une chemise. Si à l’ouverture du film, on pouvait espérer un bon moment, la scène finale ne fait que renforcer la déception du spectateur. On se dit finalement qu'à moins d’y avoir un ami comme figurant, on aurait peut-être mieux fait de profiter du soleil que de se rendre dans une salle obscure pour voir ce film.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur