AMORE MIO
Là où la vie tisse son chemin
Sur la route qui l’emmène à l’enterrement de son mari et père de son enfant, Lola décide de ne pas se rendre à la cérémonie. Dans la voiture de sa sœur Margaux, elle la convainc alors de l’emmener loin, elle et son fils sur la route du sud. Celle-ci accepte, à contre-cœur, mais ce chemin sera aussi l’occasion pour les deux jeunes femmes de se retrouver, et de retisser des liens qu’elles avaient perdues…
"Amore Mio" est le premier long-métrage de Guillaume Gouix, essentiellement connu pour ses rôles d’acteur au cinéma mais aussi à la télévision ("L’invitation", "Les Choses qu’on dit les choses qu’on fait"…). Ayant déjà fait plusieurs courts-métrages (dont "Mon Royaume", sélectionné en 2019 au Festival de Clermont-Ferrand, avec déjà Alysson Paradis), Guillaume Gouix passe ici la porte des salles obscures avec un premier long métrage solaire autour du deuil et d’une relation entre deux sœurs.
Dans ces rôles, Élodie Bouchez et Alysson Paradis crèvent l’écran, et tiennent à elles-seules l’entièreté du film grâce à leur jeu et leur capacité à nous faire adhérer à cette histoire et à cette relation. D’une très grande complicité, on s’émeut de leurs peines et de leurs joies, et leur sourire communicatif fait (vraiment) plaisir à voir. Malheureusement, l’écriture des personnages limite la pleine compassion que l’on peut avoir pour elles, le scénario et les dialogues étant beaucoup trop attendus (et entendus), empêchant parfois les actrices d’habiter complètement leurs personnages.
Ces dialogues, ce scénario, c’est d’ailleurs le point noir du film, qui finalement n’entend pas nous proposer grand-chose de foncièrement différent, ni dans son esthétique, ni dans sa narration, et ce alors-même que Guillaume Gioux expliquait, lors de l’avant-première à l’ouverture de Paris-Court Devant, vouloir un film qui cassait les codes et montrait le deuil autrement. Pourtant, des films qui montrent un deuil sans pathos, sans crise de larmes, il en existe énormément (on peut citer "Le Lycéen", sorti il y a quelques semaines), et plus touchant que "Amore Mio". Ajouter à cela Félix Maritaud qui ne sert quasiment à rien dans le scénario et qui aurait pu ne pas être là (hormis peut-être pour servir à faire parler du film), et un usage parfois forcé des effets de lumière (mais on reconnaîtra ici la beauté de certains plans, notamment dans le tunnel), et on se retrouve finalement avec un premier film entendu, quasiment déjà-vu, et qui surtout ne (ré)invente rien. Un film avec une esthétique très classique et un loto de tous les plans que tout premier film d’auteur doit avoir : des néons, une scène de danse…
Pour autant, "Amore Mio" reste agréable à regarder, notamment grâce à la prestation des actrices qui nous délivrent un jeu solaire, et si on passe outre le scénario trop appuyé et l’impression tenace de déjà-vu.
Rédacteur également membre du LYF
Valérian BernardEnvoyer un message au rédacteur