LES ÂMES DE PAPIER
Une comédie originale et pleine de charme !
Sans faire beaucoup de bruit, et sans que le grand public ne soit nécessairement au courant, Stéphane Guillon est un acteur confirmé, ce nouveau métrage en étant la preuve. Dans "Les Âmes de Papier", son seizième film, il incarne un romancier, reconverti en auteur d’oraisons funèbres, qui semble préférer les défunts dont il parle que les personnes qu’il côtoie. Mais lui se contente largement de sa situation, jusqu’au jour où la belle Emma, veuve dont le fils ne se remet pas du décès de son père, entre dans sa vie. Et dès les premiers instants, la magie d’un coup de foudre semble opérer sur ces deux tourtereaux. Mais nécessité scénaristique oblige, les évènements ne vont pas se dérouler comme prévus…
Comédie douce-amère sur le thème du deuil, lorgnant très clairement du côté de Woody Allen, "Les Âmes de Papier" bénéficie d’une originalité indéniable, en particulier par le mélange des genres qu’il nous offre. En effet, en injectant plusieurs doses de fantastique dans cette comédie romantique, le métrage part dans des contrées surnaturelles inattendues, transformant le vaudeville en conte de Noël. Si la plupart des ressorts et des enjeux sont attendus, le charme qui se dégage de la pellicule et l’alchimie entre les comédiens emportent nos réserves, nous permettant de profiter pleinement de ce « petit film sans prétention ». Et si on attendait des étincelles entre Stéphane Guillon et Julie Gayet, c’est plus la relation Guillon-Richard qui fait mouche, la complicité du duo amenant ce vent de folie nécessaire.
On peut néanmoins regretter une mise en scène aux abonnés absents, et qui plombe quelque peu le résultat final, et l’absence de maîtrise de la part du metteur en scène dans l’hybridation de ses nuances narratives. En effet, ce mélange des genres bancal est à limite de tomber dans le pot-pourri fourre-tout au fur et à mesure que l’on avance dans l’intrigue. Mais en se préservant de tomber dans le pathos, le film dégage une certaine émotion et un sentiment de sincérité libérateur. Car si l’humour noir n’est pas des plus incisifs, le métrage parvient tout de même à développer une atmosphère mystique où le pouvoir des mots et de l’imaginaire occupe une place centrale, le tout en nous offrant des moments de pure cocasserie jouissifs. La tâche n’était pas aisée, le trajet est parfois désagréable, mais la mission est bien accomplie !
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur