Festival Que du feu 2024 encart

AMERICAN NIGHTMARE 3 : ELECTIONS

Une histoire qui s'essouffle

Charlene Roan est sénatrice et se présente aux élections présidentielles américaines face au pasteur Edwidge Owens, l'un des "nouveaux pères fondateurs" ayant institué la grande purge annuelle. Elle est en bonne posture pour l'emporter et représente donc une sérieuse menace pour le pouvoir en place. Le Gouvernement va donc profiter de la nuit de la purge pour l'éliminer. Mais c'était sans compter sur Léo (American Nightmare 2), devenu le garde du corps de la sénatrice. Son rôle : garder la femme politique en vie pour qu'elle puisse remporter l'élection et mettre fin à l'atrocité qu'est la grande purge annuelle…

La plus-value de 103 millions de dollars réalisée par Blumhouse Productions grâce à "American Nightmare 2 : Anarchy" a sans aucun doute motivé Jason Blum pour la production de ce troisième opus. Et comme on ne change pas une équipe qui gagne, c'est toujours James DeMonaco qui assure la réalisation, Nathan Whitehead la composition et Jacques Jouffret la direction de la photographie. Bref, l'idée est claire ! Il s'agit de surfer sur le succès des deux premiers opus afin d'attirer les ados dans les salles obscures.

La base reste la même, mais DeMonaco – qui a également écrit le scénario – s'est permis quelques fantaisies, notamment dans la dimension politique de son histoire. Une affaire de Gouvernement tout puissant, travaillant dans le secret le plus total afin d'éliminer ses ennemis quoi que cela implique. Un pitch qui n'est pas sans rappeler l'intrigue de l'excellente saga "Jason Bourne" de Doug Liman et Paul Greengrass. D'autant plus que Léo, devenu garde du corps de la sénatrice entre le deuxième et le troisième volet de la saga "American Nightmare", a une manière de gérer les situations d'urgence qui n'est pas sans rappeler Matt Damon et ses cabrioles.

Mais "American Nightmare 3" est avant tout un thriller horrifique. Les masques et autres déguisements qui participent au malaise créé par la Purge sont toujours présents et sont accompagnés par les traditionnels coups de feu, lynchages et coups de machette en pleine rue. Bref, le pays est à feu et à sang, et il faut bien avouer que voir nos héros évoluer au milieu de ce carnage nous a procuré quelques frissons. Mais si le côté thriller/action fonctionne plutôt bien, c'est un peu au détriment de l'aspect horrifique. Car mise à part la séquence d'ouverture qui est une scène d'horreur tout à fait honorable, le reste du film se perd un peu dans un étrange mélange des genres entre horreur, thriller, action et film politique. Il y a un peu de tout et, même si les scènes sont globalement bien réalisées, l'ensemble manque de cohérence.

Mais au-delà des soucis dont nous venons de parler, on constate surtout un réel essoufflement du concept dans "American Nightmare 3 : Elections", ce qui fait perdre au film son atout majeur. À l'inverse, dans le premier opus, on pouvait laisser passer certaines imperfections. En effet, l'histoire repose sur une dystopie – un type d'univers éminemment politique – ses ressorts narratifs sont ceux d'un thriller en huis-clos et son imagerie – masque des assaillants, violence, etc. – est celle d'un film d'horreur. Mais l'originalité du concept parvenait à nous faire dépasser la plupart de ces imperfections. Sauf que dans le troisième volet, ça ne fonctionne plus car le film n'innove plus ! On remarque donc beaucoup plus les imperfections et on a le sentiment de visionner une espèce de patchwork de différents styles cinématographiques ne s'accordant pas toujours très bien.

Finalement, toute cette histoire de purge commence un peu à tourner en rond. Mais si l'opération est une réussite sur le plan financier – ce qui est fortement probable puisque le film n'a coûté "que" 10 millions de dollars – il faudra s'attendre à voir arriver un quatrième et peut-être même un cinquième épisode sur nos écrans. Des films dont la qualité devrait continuer de baisser à moins que BlumHouse Productions et James DeMonaco ne parviennent à redonner un nouveau souffle à une histoire qui était très loin de nécessiter ou de mériter trois films…

Adrien VerotEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire